2009 : Lost Memories par Stéphane Bouley
Uchronie (raconter un présent ou un futur avec un ou des éléments du passé qui ont été changés) coréenne se basant sur un meurtre avorté qui conduira le Japon à envahir la Corée pour de bon et à devenir l'allié des États-Unis au lieu de leur couler 3 barques à Pearl Harbor.
Une nouvelle fois le cinéma coréen se penche sur son histoire douloureuse et s'interroge sur le sens de tout ça. Ainsi on voit deux super flic (un japonais du Japon et un japonais de Corée) du JBI au prise avec un groupe de terroriste indépendantiste coréen (je rappelle que dans le film la Corée est un territoire 100% japonais)... cherchant visiblement à récupérer un objet sacré dont l'utilité sera bien entendu au coeur de l'intrigue. Le film démarre sur les chapeaux de roue avec une grosse scène d'action avec les terroriste et des membre du SWAT japonais mourant par paquet de 40 (ont fini d'ailleurs pas se demander s'ils les clonent pas au fur et à mesure tellement y en a ). De belles images, un montage propre même si un peu confus, une violence franche... Le ton est donné, on est pas là pour déconner, dommage d'ailleurs que les scène d'action suivante soit nettement moins inspirées .
Puis le film démarre vraiment, les personnage principaux prennent petit à petit de l'épaisseur, il se tisse des liens plutôt intéressant entre eux et leur passé. A travers la quête de ce flic d'origine coréenne le film sonde l'histoire et l'identité coréenne effleurant par moment des questions vraiment pertinentes en faisant ressurgir le problème vis à vis du Japon.
Mais... parce qu'il y a un gros "Mais" au bout d'un moment le héros va au bout de lui même, de ses racines et c'est à ce moment précis que le film décide de produire le twist scénaristique le plus foireux du cinéma coréen (je m'aventure sans doute mais tout de même) en faisant basculer son récit dans la science fiction.
Manoeuvre qui a le mérite de démolir d'un seul coup toute la portée métaphorique du récit le transformant ainsi en une lecture au premier degré, carrément revencharde, renforcé par une réalisation forçant l'empathie pour les coréens en insistant lourdement sur leur mort et en montrant les japonais comme des oiseaux de proies...
La réalisation, déjà sujette à des élans de générosité mal dosés, part donc en roue libre, sans retenue, sans rigueur et sort ses gros sabots histoire de bien tout piétiner sur son passage.
Une fois sabordé par cette idée pour le moins stupide (car toute l'histoire tend vers ce moment) le film s'étale quelque peu en longueur avec des choix esthétique douteux (pourquoi commencer les scènes du passé en lumière normale pour ensuite, en l'espace d'un plan passer en Sepia ? brisé l'unité visuelle du film de la sorte sans explication est pour le moins choquant; les simili-Bullet Time était ce vraiment une si bonne idée ?).
2009 avait tout pour être une nouvelle pierre de l'édifice solide du nouveau cinéma coréen mais ses choix crétins et son traitement trop lourd démolissent complétement les bonnes idées qu'il a pu avoir...
Exemple type du film sabordé.