Voilà un film émouvant, sur Hiroshima. Ce n’est pas à proprement parler un documentaire, c’est plutôt un mémorial, un film-concept sans paroles, mais qui dit beaucoup toutefois. Un film qui parait ennuyeux sur le papier, mais qui s’avère d’une grande beauté, d’autant plus qu’il est accompagné d’une musique parfaite, un morceau de Current 93, Larkspur and Lazarus, qu’on aurait pu croire écrit et composé pour le film.
200.000 fantômes est le fruit d’un très gros travail de recherche, car Jean-Gabriel Périot s’est enquis de centaines de photos du bâtiment symbole d’Hiroshima, ce centre d’affaire appelé aujourd’hui Genbaku Dome, qui est le seul immeuble resté debout dans la zone de l’explosion, ruine au centre d’une plaine ravagée, symbole de l’anéantissement. Le film est construit de façon chronologique, on voit successivement de nombreuses photos de ce bâtiment, sous tous les angles, de sa construction au 6 août 1945, puis après le désastre, et jusqu’à aujourd’hui.
Jean-Gabriel Périot travaille pour la mémoire, il s’intéresse aux séquelles de l’histoire (comme dans Eût-elle été criminelle réalisé l’année précédente). Grâce à son montage (qui semble être sa spécialité vu que les films que j’ai vus de lui sont tous organisés autour du montage de nombreuses photographies) ainsi qu’à la musique avec cet incroyable morceau au piano et cette voix pleine de mélancolie, il n’est pas besoin de discours, chacun comprend bien ce qui se passe, la destruction, inimaginable, puis le temps qui passe, la vie qui continue, qui doit reprendre, avec la nécessaire construction d’une mémoire, pour le deuil, mais aussi pour l’avenir. Le temps poursuit son chemin, non dénué d’inquiétudes, bien sûr. Un très joli film, à voir ici :
https://vimeo.com/11457021