200 mètres n'a pas l'humour de It must be Heaven ni la tendresse de Gaza mon amour (sortie en octobre) mais ce premier long-métrage de Ameen Nayfeh montre à son tour la vitalité d'un cinéma palestinien nonobstant les difficultés de financement et logistiques pour tourner. "Simple" évocation d'une famille divisée de part et d'autre d'un mur honteux, le film respire en grande partie le vécu d'un cinéaste qui a fait ses classes dans le court-métrage documentaire. Un souci de réalisme exprimé à travers un quotidien absurde, rythmé par le passage aux checkpoints. Le scénario se fait plus convenu ensuite ou plutôt moins pertinent quand il devient road-movie et même thriller avec l'embarquement de nouveaux personnages. Parmi ceux-ci, la réalisatrice allemande, surgie un peu de nulle part, offre à la fois un regard neuf sur la situation mais cet élément étranger a aussi quelque chose de forcé et distrait quelque peu, avec sa propre histoire, moyennement crédible, de l'intrigue principale. D'ailleurs, le film l'abandonnera à son propre sort, assez brutalement, sans véritablement chercher à nous convaincre de sa véritable utilité. Peu importe, l'intérêt est manifestement davantage dans le cheminement de cet homme, séparé malgré lui de sa propre famille. 200 mètres n'est pas à proprement parler un film militant, et il semble même parfois compréhensif vis-à-vis des "occupants' israéliens, mais il contribue à faire en sorte que l'on n'oublie pas qu'il existe toujours dans ce monde des murs qui isolent des populations et les empêchent d'accéder à une liberté fondamentale, celle de se déplacer d'un point à un autre.