J’estime qu’il convient de rendre justice à Peter Hyams et à son film, qui sont loin d’être nauséabonds. Bien au contraire même. On constate premièrement que William Sylvester a cédé sa place à Roy Scheider dans la peau d’Heywood Floyd, ce qui n’est pas un mal même si le regretté Scheider avait un peu moins le profil scientifique bedonnant. Côté récit, c’est là où la déception des fans de Kubrick fut sans doute la plus grande car tout est expliqué ou presque dans 2010. Une autre différence notable, cette fois avec la nouvelle de Clarke, c’est le contexte de guerre nucléaire imminente entre Etats-Unis et Russie qui est beaucoup plus marqué dans le film. Une ficelle scénaristique par ailleurs assez peu exploitée au final hormis la question récurrente : la Terre sera-t-elle là à notre retour ? L’autre grosse différence, cette fois entre 2001 et 2010, c’est que Hal-9000 ne représente plus vraiment un danger, hormis lors de sa réactivation. A noter au passage que Hyams insiste beaucoup moins que Clarke sur la paternité de Hal par le professeur Chandra. Non, cette fois le danger c’est évidemment le monolithe géant et ce qui semble se cacher sur Europe. Coincé entre ces deux mystères et sa pseudo quête d’absolution jusqu’à son face à face avec l’ersatz cosmique de Dave Bowman, Heywood Floyd est le héros du film, un héros humain, ce qui à mon humble avis faisait cruellement défaut au film de Kubrick, trop froid et impersonnel malgré sa perfection formelle. Au final, 2010 est une bonne suite dans le sens où il explique pas mal de choses sans être accablé par la comparaison avec son aîné. Une série B honnête et efficace. Les amateurs de Clarke apprécieront.