2046, film le plus ambitieux du réalisateur Wong Kar Wai, à mon sens.
Alors, quelle signification à ce chiffre ? Un numéro de porte ?
Un roman ? Un train ?
Rien de tout cela. Pour l'avoir vu à de multiples reprises, il s'agit bien de conceptualiser
l'endroit ou l'on enfouit nos souvenirs. Comme toujours, ce sont des romances pleines de
grâces et de charmes auxquelles on assiste. Ce dont il est certain, c'est de cette endroit
on n'en revient en fait jamais.
Selon moi, Wong Kar Wai est un vrai passéiste. C'est à dire qu'il n'envisage jamais le futur
sans prendre en compte les aventures passées. Force est de constater qu'il a construit son oeuvre, et cette pièce comme un puzzle, comme une grande histoire, belle et unique.
Ce projet présente des qualités évidentes. De par les recoupements de romances, Wong Kar Wai fait fit de toute temporalité, et nous permet d'assister à un véritable monument de l'amour où chaque histoire va venir en écho à la précédente. Cette idée de miroir d'ailleurs
se cristallise dans le film, où il n'est pas rare de voir les protagonistes de cette façon
représentés.
J'ignore à quel point ce film est en quelque sorte autobiographique, mais j'imagine qu'en réalité il s'agit bien là de sa pièce la plus personnelle.
A noter comme toujours avec lui, une musique soignée, passionnée et ostentatoire.
Elle est la marque des souvenirs, elle situe chaque fois l'intrigue, comme l'est le jour
du réveillon de Noel. En effet, c'est un marqueur efficace pour pouvoir rendre compte de sa situation amoureuse, car comme c'est mentionné dans le film : on a besoin de davantage de chaleur.
On pourra regretter ce rapport à l'argent, omniprésent dans 2046.
J'aime mieux ce qu'il fait dans Eros, mais sans doute cela lui permet de raccrocher son film à la réalité.
Car c'est bien de fiction dont il s'agit, ce train, ces androïdes. Finalement, Tony humanise un homme qui a fait de sa vie un récit de sabre, où ses conquêtes renaissent sans cesse.
Il n'y a pas de règle, tout est permis.
Si 2046 est excellent à mon sens, c'est de par sa complexité, sa maîtrise formelle mais je reste persuadé qu'il reste trop cérébrale, trop intellectuelle. Ziyi permet bien de donner un ton organique mais là où ITMFL impressionne davantage c'est de par la sensualité, l'aspect sensorielle de la romance.
On regrette aussi le fameux jeu de rôle de ITMFL entre les protagonistes, cette façon de mimer la réalité, à mon sens bien émouvant que ce qu'il a fait avec 2046, c'est à dire accoucher visuellement de la fiction, de par ce train, cette espace-temps de nos souvenirs.
Un film à voir et à revoir, en tout cas.
7.5 / 10
A noter que si le casting est fabuleux, Maggie Cheung manque cruellement.