Comptant parmi les meilleurs artisans du cinéma italien de la grande époque, Lucio Fulci n’a pas échappé à la débâcle des années 80. Comme beaucoup de ses confrères, il s’est ramassé en se retrouvant à devoir plagier des succès américains, sans avoir ni le budget ni le savoir-faire de Hollywood.
Dans « I Guerrieri dell'anno 2072 », nous sommes donc dans un futur dystopique. Où une chaîne de télévision décide de faire combattre des condamnés à mort dans une arène, en espérant faire sauter l’audimat. En gros, on est dans une espèce de resucée de « Rollerball », avec un soupçon du « Prix du Danger » pour la critique de la TV. On peut même y trouver des relents de « The Running Man », qui pourtant ne sortira qu’en 1987 (les Américains auraient-il repompé sur Lucio Fulci, bouclant la boucle ?).
Maintenant, passons aux choses sérieuses : comment faire un film de gladiateurs du futur sans moyen ? 5 solutions, que Lucio Fulci s’évertue à employer.
N°1 – Cultivez le hors champs. Ne vous embêtez pas à trop en montrer, l’imagination du spectateur travaillera pour vous ! Quitte à ne balancer que quelques minutes d’affrontements en arène, même pour un film censé être focalisé dessus…
N°2 – Douce nuit, sainte nuit. Filmez votre action principalement la nuit, même si ça n’a aucun sens. Vous pourrez davantage masquer les détails, et vous ne serez pas embêtés à devoir créer des décors crédibles.
N°3 – Halo Infinite. Vous connaissez JJ Abrams et ses halos lumineux dans la figure du spectateur ? C’est un petit joueur. Bourrez votre film de spots lumineux qui aveuglent le spectateur, histoire de masquer le manque de moyen. En bonus : des combats en lumière stroboscopique pour masquer les chorégraphies paresseuses. Et un climax en lumière alternée, comme ça, sans raison. Illisibilité garantie.
N°4 – Figurants absents. Ne vous embêtez pas à payer des figurants, même s’il on parle de jeux du cirque. Glissez une rapide réplique pour expliquer l’absence totale de foule en liesse, ça passe !
N°5 – Piou piou, bip bip. Pas besoin d’effets spéciaux couteux. Des bruitages informatiques ringards et quelques diodes qui clignotent, ça suffit pour construire un univers de SF. Si vraiment il faut, quelques effets grattés à même la pellicule feront l’affaire.
Voilà voilà… Sans oublier un héros incarné par la version discount de James Caan (mais heu, je voulais faire « Rollerball » je vous dis !). Un scénario qui fait rarement sens, visiblement écrit à la truelle. Et évidemment, le thème principal kitschissime électro-rock de Riz Ortolani, qui vous restera encore en tête quelques heures après le visionnage (bom bom, bom bom…).
Pauvre Lucio Fulci…