20 000 jours sur Terre par Charles Dubois
La frontière entre fiction est réalité, entre passé et présent est bien mince. 20 000 jours sur Terre en est le parfait témoin.
En alternant séquences fictives à séquences documentaires, si peu délimitée qu'on confond parfois, non sans un certain vertige, le vrai du faux, les deux réalisateurs déroute autant qu'ils étonnent.
Le portrait est doux, intimiste, touchant, bercé par des séquences musicales de toute beauté, qui laissent place à la musique, et rien qu'à la musique. Jamais un docu n'aura proposé des séquences aussi simplistes où seuls les artistes en composition sont présents et les caméras sont fixes, comme posées et laissées là, acceptée puis oubliée par ces hommes aux doigts d'or.
Brillant dans son montage (séquences d'ouverture scotchante à l'appui), le film n'a pas volé son prix au festival de Sundance qui lui revient de droit.
Néanmoins l'esthétique impeccable et la voix off poussée du chanteur compositeur frôle parfois l'exercice de style. On aimerait presque en savoir moins sur cette artiste qui se met à nu, plus ou moins véritablement tant le passage de la fiction au réel est soudain et implicite. Assez outrancier on chavire à certains moments dans un film très prétentieux, grosse faiblesse.
Pourtant on ne peut être qu'ému par la délicatesse et l'intelligence si subtile de la musique de l'Australien qui, dans une séquence finale belle à pleurer, nous assène le coup de grâce.
OVNI cinématographique, 20 000 jours sur Terre est une oeuvre étonnante et détonante qui livre le portrait sublime d'un artiste comme il y en a peu.
A réserver pourtant aux adeptes de Nick Cave.