Le problème qui se pose quand on décide de faire une adaptation cinématographique est de parvenir à maîtriser la transition livre-film dans sa globalité et surtout sur la longueur. N'ayant jamais vu "20th Century Boys", l'un des mangas phares de Naoki Urasawa avec l'excellent Monster, que je ne connaissais avant que de nom et que j'avais feuilleté un peu comme ça, j'avais une vague idée de à quoi aurait pu ressembler le film s'il avait été une réussite. La réponse est qu'il n'aurait tout simplement jamais dû y en avoir. Car s'il n'y a aucun mal à transposer le manga papier vers l'anime, la transposition vers le film avec de vrais acteurs est tout de suite beaucoup plus risquée vu qu'il y a des mangas qui ne s'y prêtent tout simplement pas. 20th Century Boys en est l'un.
Avant de débuter, je voudrais tout de même me féliciter d'avoir quand même su mater la trilogie jusqu'au bout malgré un agacement constant ou plutôt dirais je un sentiment de consternation comme je l'ai rarement ressenti. Je l'ai dit, même si je n'ai pas lu le manga dans son entièreté, je l'ai feuilleté et je me souviens parfaitement bien que les personnages étaient caricaturaux, un peu naïfs, qu'ils soient enfants ou adultes. Ce n'est pas fondamentalement mal en soit sur papier mais quand on mêle de vrais acteurs qui, excusez moi, se ridiculisent devant la caméra par leurs mimiques insupportables, leur bouche ouverte avec les yeux de fugu, le tout agrémenté de répliques bas de gamme, le visionnage en devient tout de suite laborieux. On est éjecté de la séance devant un casting qui n'a pas le moindre talent, pas le moindre charisme, que ça soit nos héros fiers et valeureux ou "Ami" qui ne nous impressionne jamais, ne nous met pas mal à l'aise en sa présence.
Du coup, on se demande si 20th Century Boys n'est pas un produit bâtard qui oscille entre le seinen et le shonen car il n'y a pas de demi-mesure. Le propos est lourdingue, crétin, sans le moindre nanogramme de subtilité. "Si tu veux pas être mon ami alors je vais anéantir l'humanité !". Non mais sérieusement ? On est dans une caricature du manga ou le manga de Urasawa est vraiment comme ça ? Alors, on pourra venir me dire que la cible est les jeunes ado. D'accord mais ce n'est pas pour autant que le film en devient moins con qu'il ne l'est déjà. Par certains points, et pas des moindres, 20th Century Boys épouse les codes du shonen. Dès lors, faire un film avec un produit qui est parfois sérieux et violent et parfois sonne comme la création d'un esprit n'ayant pas plus de 10 de QI, je ne sais pas comment on peut s'imaginer que ça réussisse car même le fantaisiste nous n'y croyons pas vu que les effets spéciaux sont cheap au possible. A la limite, cela serait passé dans les années 80. Là on est presque en 2010 quand même.
Finalement, autre ironie dans l'histoire, c'est que malgré toute l'énergie que veut insérer le réalisateur, on s'emmerde cruellement. Le dernier quart d'heure du chapitre 3 faisant véritablement office de punition tant ça traîne, tant ça discute avec ce pathos typé shonen derrière. Alors ok, je peux aisément concevoir qu'il y a un choc de culture entre notre cinéma et le japonais. Nous sommes un peu plus terre-à-terre, moins dans le nawak. Est-ce un tort ? Oui et le Japon devrait nous enseigner la fantaisie mais là il ne nous l'enseigne pas bien. Ca part dans un mauvais délire qui ne fait rire personne. On retient seulement les scènes où les gens par dizaine vomissent du sang à cause du virus. Les rares moments où nous ne sommes pas au bord d'appuyer sur le bouton STOP.
En conclusion, sans doute que ce type de cinéma ne m'est pas adapté car il conjugue naïveté et mielleux, ce qui en fait quelque chose de profondément pathétique. Maintenant, ça reste un avis qui est totalement subjectif et je pense tout simplement qu'il faut être dans un certain état d'esprit pour accepter ça. En ce qui me concerne, 20th Century Boys la trilogie demeure le plus bel exemple de japoniaiserie que j'ai vu à ce jour et j'ose espérer que je ne me retrouverai pas face à une expérience similaire.