Je l'ai souvent dit, parmi les films que j'ai vus au cinéma, 21 jump street est peut-être celui qui m'a fait éclater de rire le plus bruyamment. Quelques jours seulement après sa sortie en salle en France, une suite était déjà annoncée. J'étais pas contre, étant donné que les réalisateurs restaient les mêmes, Phil Lord et Christopher Miller, aussi responsables des excellents Lego movie et Cloudy with a chance of meatballs.
2 ans plus tard, voilà 22 jump street.
La suite logique des aventures de Jenko et Schmidt, c'était qu'ils aillent à l'université. C'était même annoncé à la fin du premier film... mais on trouve quand même le moyen de contourner les attentes du spectateur (du moins, au début du film). C'est la spécialité de Lord et Miller : détourner les poncifs, faire dans l'inattendu, réfléchir sur le medium qu'ils utilisent.
Comme dans le premier film, beaucoup de blagues meta excellentes, mais cette fois on va encore plus loin, en se moquant abondamment du principe des suites (jusque dans le superbe générique de fin) et du studio qui mise dessus. Ironiquement, alors qu'ils blaguent sur le fait qu'ils aient un plus gros budget, les quelques effets spéciaux sont mal foutus, surtout ce jet d'encre sur le visage de Schmidt.
Beaucoup de références, de private jokes, notamment autour d'Ice Cube ; comme à son habitude, le duo de cinéastes puise son inspiration un peu partout, en se basant sur des gags visuels dignes de dessins animés, du show de Benny Hill (ou "Benjamin Hill" comme il est désigné, discrètement, à l'image), voire en reprenant l'esthétique douteuse de vidéos internet. Et, surtout avec ce dernier exemple, les choix visuels des réalisateurs sur ce film-ci ne sont pas toujours du meilleur goût. Se référer aussi à tous ces effets de ralenti et d'accélérés...
C'est probablement pour coller à l'esprit, immature, de tous ces étudiants à l'université, ça explique aussi cette BO, mais justement je reproche un peu à 22 jump street d'être ultra-débilitant, de façon en partie assumée, mais de rester au niveau de ces adolescents idiots.
Avec l'arrivée de jocks écervelés (pléonasme ?), beaucoup de gags faciles et bas de gamme : un type essaie de faire chuter un poteau, il fonce dedans, et s'assomme... voilà. Exit les nerds du premiers films, qui n'apparaissent au total que dans deux scènes de cette suite (à se demander pourquoi les avoir même gardés), et avec qui Jenko se découvrait de nouveaux talents. Ici, le personnage de Tatum traîne avec les jocks, et semble caractérisé comme étant bien plus crétin que dans le premier film.
Comme sous la mauvaise influence de cet univers de la fac, les blagues sont automatiquement graveleuses, quelle que soit la situation. Jenko doit faire des propositions pourries à un cours d’improv ? On lui fait donc dire "tampon" puis "érection"… Il y a aussi bien trop de gags poussifs, notamment lors du cours d’histoire du début, et des idées, comme celle du duo assimilé à un couple, sur lesquelles on traîne trop longtemps et trop lourdement. Et au bout de 3 blagues sur l’âge des personnages principaux, on a compris, mais le film nous en bombarde sans arrêt !
Comme souvent dans les films de Jonah Hill & co, il est question de bromance. Mais que ce soit l’histoire entre Schimdt et Jenko, ou Schmidt et cette étudiante en arts, on reste assez indifférent à leurs difficultés. Par ailleurs, il est dommage qu’on ne fasse aucunement mention de ce qui est arrivé à la copine de Schmidt dans 21 jump street.
Et ce qui semblait être une très bonne idée pour éviter que cette suite ne fasse trop écho au film précédent, à savoir l’envoi des héros au Mexique durant le Spring break, est finalement très peu exploité… alors même que c’est ce qu’on nous montre sur la plupart des affiches.
Je fais beaucoup de reproches, et il est vrai que dans une certaine mesure, le film m’a déçu, surtout vu le niveau qu’atteignent habituellement les films de Christopher Miller et Phil Lord, mais 22 jump street reste quand même une bonne comédie. On ne rit pas autant que devant 21, mais on rit beaucoup malgré tout. Une des premières scènes du film inclut une improvisation des deux policiers, qui s’inventent une couverture ; une sorte de mise en abyme de la méthode de travail des acteurs de la troupe Apatow, comme Jonah Hill, qui demeure très bon ici.
22 jump street est une bonne comédie… mais 21 jump street, par contre, était à pleurer de rire.