Poulpe, bromance, Jésus vietnamien et Ice Cube dans un Ice Cube
Attention, cette critique est susceptible de contenir des spoilers.
Non, en vrai c'est sûr y en aura plein.
Six mois après avoir pondu l'excellente et surprenante Aventure LEGO, le duo Phil Lord & Chris Miller revient déjà avec la suite de 21 Jump Street (2011) : 22 Jump Street ! Et quel feu d'artifice ! Quel pied !
Lord & Miller ont érigé le grand n'importe quoi au rang d'art dans ce film qui part dans tous les sens tout en étant, en réalité, maîtrisé de bout en bout, que ce soit en terme de trame scénaristique, de rythme ou encore de ratio de vannes à la seconde. Tout le tour de force du film étant de nous faire croire que personne ne maîtrise plus rien.
En effet après avoir triomphé au lycée, le duo de choc Jenko & Schmidt sont envoyés enquêter, mais cette fois à l'université. "Ce sera exactement la même enquête". Oui, les personnages insistent bien là-dessus, ce sera exactement pareil que la dernière fois. C'est là l'un des trucs les plus drôles du film : cette volonté de vouloir tout faire pareil que la vieille recette du premier film, pour se moquer bien sûr des suites à Hollywood, des attentes identiques du public et donc de soi-même ! Et le film est en effet identique : même moment où les deux sont drogués à leur insu, même délire avec le perso de Ice Cube, même mexican stand-off avec les méchants qui tourne mal.
Mais tout cela en mille fois mieux que dans le premier (Ice Cube est ici bien mieux intégré au scénar par exemple), et l'effet de répétition plus celui d'amélioration rend le tout encore plus hilarant.
Les presque deux heures du film défilent alors à un rythme qui ne nous laisse pas une seconde pour sortir du film (on pourrait nommer cela le concept de "délire immersif lord-millerien" déjà présent dans LEGO). Lord & Miller sont bluffants dans leur maîtrise des codes des genres comiques et ils les utilisent et les tournent tous en dérision dans ce film. Dans Les Gardiens de la Galaxie, James Gunn a fait de même avec le blockbuster, mais s'est quand même réfréné. 22 Jump Street pousse et assume le concept jusqu'au bout : de la comédie romantique à la comédie d'action, tout est moqué.
Pour vous montrer à quel point le délire va loin, il faut savoir qu'il continue jusqu'à après le film. Pendant le générique, qui est peut-être l'un des meilleurs que j'ai vu de ma vie, on se marre encore. En effet le film se clôture avec l'annonce de 23 Jump Street (préalablement teasé dans le film, enfin apparemment) qui se passerait en école de médecine. Puis générique et voilà l'affiche de 24 Jump Street. Puis 25 Jump Street. Puis 26, 27, 40... jusqu'à 2131 Jump Street... "in space". Là encore, les réalisateurs se moquent de la quantité de suites, de spin-off et de déclinaisons qu'on pourrait sortir, avec même un caméo de Seth Rogen ni vu ni connu, sans raison (à part une vanne sur les problèmes de contrats), en plein milieu.
Et même si je sais qu'elles sont bidons, je veux toutes les voir moi les suites. Oui même celle en école de danse avec Jonah Hill en tutu !