Armé d’une esthétique typée documentaire, 24 hours party people se propose de faire la lumière sur les successives vagues musicales qui ont animé la ville de Manchester depuis la fin des années 70 jusqu’au début des 90’s. Winterbottom s’approprie l’histoire de telle façon qu’il est difficile, au début du moins, de faire la part des choses, lorsque l’on n’est pas particulièrement calé en pop/rock britannique. Mais quand l’homme annonce, via le personnage qu’il choisit comme témoin de son histoire, qu’entre la vérité et la légende, il choisit de ne conserver que la légende, alors, à ce moment là, le message est clair. Exit le devoir de mémoire, ce qui intéresse le cinéaste est ailleurs, dans la démesure qui caractérise cette époque et les personnages hauts en couleur qui en ont été les acteurs.

C’est d’ailleurs à travers les yeux de l’un d’entre eux, Tony Wilson, fondateur du label Factory, qui a produit, entre autre, le groupe Joy Division, que Winterbottom livre sa version des faits. Une version fantasmée d’un personnage en équilibre instable sur un mince filin séparant assez cliniquement le monde des affaires et celui de la musique. C’est là tout le cynisme du film, jouer la carte des excès relatifs aux heures psychédéliques du rock anglais des années 80 par l’intermédiaire d’un type en costard dont l’implication semble tout sauf passionnée.

Un peu cavalier sur le fond, parce qu’au bout d’un moment, à force de ne plus trop savoir ce que l’on peut croire, on finit par se perdre, 24 hour party people réussit tout de même le pari de captiver l’attention jusqu’au bout, grâce à ses nombreuses insertions d’images d’archive notamment. Mais c’est surtout sa matière première qui parvient à faire oublier la partialité de son propos : une musique omniprésente, énergique et entraînante qui habille à la perfection chaque moment de débauche dans lesquels Winterbottom laisse errer sa caméra.

Une plongée amusante en plein cœur d’un Manchester sous ecstasy, un peu discutable dans son opposition entre forme et fond (forme documentaire pour une œuvre de fiction plus ou moins inspirée par le réel) mais terriblement stimulante lorsqu’elle laisse parler les guitares et vagabonder les musiciens. Une expérience à tenter.
oso
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le 12 nov. 2014

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