Bienvenue dans une double critique intitulé : "C'est pas parce que c'est un film français qui parle d'histoire de trentenaire parisien, que c'est forcément nul." Premier cas, celui de 2 Automnes, 3 hivers.
Il commençait à faire froid, on avait envie de se pelletonner sous la couverture avec ma copine. Je voulais regarder La Science des Rêves mais le film était pas disponible, du coup, on a fait la liste des films qu'on avait déjà et le seul qui n'était ni long ni compliqué était ce 2 Automnes 3 hivers dont le nom ne me disait rien et qui était noté 4,5 par mes éclaireurs sur ce site. (Spoiler : mes éclaireurs ont des goûts de chiotte, faut vraiment que j'arrête d'en suivre certains.)
Et le film m'a immédiatement plu par sa narration : Il commence par une séance d'auto-dépréciation par Arman (Vincent Macagne, super drôle et touchant dans son costume de loser de la vie quotidienne) et j'aime la façon qu'on les personnage de sans cesse de commenter le moment qui vient d'arriver, de le raconter dans le plan ou sur un fond vert plus ou moins volontairement cheap et flou. Alors, certes, ça n'est pas le premier film à faire ça, mais il le fait bien. Après, il existe des gens qui pensent que faire parler les gens sous cette forme (ou sous la forme de voix off) est une forme de paresse d'écriture et que tout devrait passer par la mise en scène et l'image. Ce sont très souvent des trou-du-cul. Un monologue intérieur, une voix off, quand elle est bien écrite peut être géniale.
Et ici, c'est le cas avec des phrases très drôle, des moments où les personnages racontent leurs expérience. Du coup, on oublie que l'histoire est dans le fond, relativement banale (deux amis se retrouvent à l'hopital et suite à cela ils rencontrent leur futur copine) pour bien plus se concentrer sur la façon dont la narration nous emmène. Notamment le personnage d'Arman qui ne peut pas s'empêcher de rajouter des détails complètement con dans son explication ("le serveur ressemblait étrangement à Michel Polnareff") Le film est émaillé de citation, de moment où les personnages parlent des films qu'ils ont bien aimés, d'expos qu'ils ont vus, ce qui augmente encore plus le côté "discussion avec des potes" de l'ensemble, même si certains peuvent prendre ça pour un étalage de "culture bobo". Sébastien Betbeder donne vraiment de la chair et de la personnalité à ses couples, ce qui nous les rend sympathiques.
Alors, passé un moment le côté "léger et couillon" qu'avait le film, il commence à disparaitre pour verser un peu plus dans le drame sentimental mais il n'en perd pas son originalité et sa drôlerie non plus. C'est dommage aussi que certains essais de mise en scène nous fassent croire que le film va aller plus loin qu'il ne va au final.
Par exemple, la soeur de Benjamin qui lui parle comme si elle était dans une VHS saturée et étrange semble amorcer une story-line bien plus complexe... qui bizarrement ne mène à rien.
2 Automnes, 3 hiver est le genre de film
1) qui passe très bien pour un dimanche soir en amoureux sous un plaid.
2) que j'aurai aimé faire et qui me rappelle les Bacri/Jaoui dans leur façon de mettre en scène le quotidien, les doutes amoureux, sans jamais être chiant.
Le lendemain, on a maté La Science des Rêves.