2 automnes 3 hivers par FrankyFockers
Pour son nouveau long-métrage, Sébastien Betbeder change plein de choses à son cinéma. Il décide dans un premier temps de régler son compte à l'idée de citation, de référence, en l'utilisant à outrance, jusqu'à épuisement, comme si cet affranchissement était une figure de style. D'Eugène Green à Judd Apatow, de Grauzone à Michel Delpech, le film est un foisemment de références, jusqu'à saturation, que le cinéaste utilise pour nourrir le corps de son récit.
Changement de style aussi, ou devrais-je dire styles au pluriel, puisque le film opère, constamment, de joyeux bonds d'un style à l'autre, de la comédie la plus hilarante au drame poignant, du rire franc aux larmes sincères, du cinéma cérébral au pur divertissement.
Le film tente aussi quelque chose d'assez osé : son ossature est faite de personnages face caméra qui racontent l'action. Celle-ci est parfois illustrée, mais pas toujours. La voix devient le vecteur de la narration, elle porte le film. Le résultat est quelque chose d'assez inédit, et de mémoire je ne me souviens pas avoir déjà vu un film ressemblant à celui-ci.
Au-delà de ses qualités d'écriture, de mise en scène, et d'extraordinaires dialogues, le film doit aussi beaucoup à ses comédiens. Ils sont tous excellents, mais le véritable héros du film est Vincent Macaigne, qui est tout simplement dément et offre une des plus belles performances de comédien vu depuis des années. Il est formidable dans les films de Brac, il est très bon dans La Fille du 14 Juillet, mais là, c'est encore au-dessus. Il s'impose ici comme le meilleur comédien de sa génération. C'est simple, il me fait le même effet que lorsque Amalric est apparu au début des années 90. Le comédien qui incarne à lui seul toute une génération.
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