Je n’étais certainement pas le dernier à penser que ce 300 sentait la moule pas fraîche. Le capitaine Snyder a quitté le navire, Butler est allé boire une bière ailleurs, et dans la bande annonce on ressortait les costumes et fonds verts du grenier. Ça puait la redite fauchée et diluée.
Mais voilà que je reviens de la séance finalement plein d’enthousiasme, que je parcoure les avis désastreux et les notes assassines et que ça me donne envie de faire preuve de tout plein de mauvaise foi et de retourner ma veste pour crier haut et fort que tout ceux clamant que cette suite est pourrie aillent se faire voir chez les grecs !!
Bande de faux culs, vous qui bandiez devant les muscles huilés du premier 300, vous qui criiez au plaisir coupable, à la claque esthétique (alors que c’était déjà moche et que vous le saviez), à la régression frontale jouissive, à la violence magnifiée ; où êtes vous aujourd’hui ?
Fascistes de merde !
Ah ouais on chie sur les faits historiques ? Ça a dû décevoir l’audience lambda dont on sait qu’elle détient les clés du savoir (quand ça l’arrange).
Ah ouais c’est plein de fonds verts (pas comme Star Wars, LoTR, HP, Avatar, Gravity hein) ? Mais ça gênait moins dans Pompeï parce que ça fâchait moins les historiens venus en découdre avec cette hérésie ici présente.
Ah ouais le sang il est cro pas beau ? Bizarrement ces abrutis de la direction artistique ont eu une démarche : celle de coller à la patte graphique du comics. Quelle idée saugrenue !?
Ah ouais le réalisateur il a tout copié Snyder et le style visuel il est cro moche ? Mais alors si ça se trouve même cet enculé de Miller a tout pompé sur Snyder aussi à la base !?
Non seulement Murro n’a pas copié le style visuel de Snyder mais il l’a sublimé, montrant plus de maîtrise et faisant preuve d’un sens pictural dont le réalisateur de Watchmen manque cruellement depuis quelques temps.
La photo et l’étalonnage se démarquent du premier opus, à tel point que les scènes qui en sont extraites semblent jurer par leur laideur ocre baveuse. Murro dénote d’un réel sens de la composition sur des plans épiques dont la puissance photogénique n’a d’égal que le jugement hâtif des haters venu cracher sur l’emploi des ralentis. Car ici point de pause masturbatoire au message crypto gay sous-jacent en 480 images seconde, mais bel et bien la composition de véritables photographies semi mouvantes d’une grande profondeur de champ et immédiatement rendues pertinentes par l’emploi d’un procédé de relief qui pour une fois trouve une valeur plastique. Certains plans sont absolument saisissant et figurent malgré toute leur imperfection intrinsèque parmi les plus beaux qu’il m’ait été donné de voir dans la dernière décennie jonchée de compositions numériques à vomir des polygones par tous les trous.
Certes, certains dialogues tournent à vides —la VF n’aidant en rien– et le personnage de Thémistocle n’arrive qu’au niveau des genoux de Leonidas (et ses célèbres tablettes de chocolats), certes Xerxès perd quelque peu de son aura, et le rythme aurait gagné en efficacité par quelques coupes sur la deuxième partie.
Par contre se plaindre de l’aspect boursouflée de la violence crue et d’apercevoir deux bouts de nichons quand on vient voir un PEPLUM adapté de FRANK MILLER alors qu’on a vu (et apprécié ?) le premier 300 qui ESTHÉTISAIT déjà LA VIOLENCE avec plein de RALENTIS et de bouts de NICHONS et de guerriers MUSCLÉS au discours FASCISTES et bien HUILÉS (les hommes comme les discours), relève d’une mauvaise foi assez discutable.
D’autant que ce que Thémistocle perd en charisme, il le compense en finesse tactique et bestialité guerrière. Si Xerxès s’éclipse c’est pour laisser l’incarnation de Eva Green brûler la pelloche de sa rage viscérale et de sa splendeur belliqueuse —sans doute l’un des meilleurs méchants de ses dernières années ex æquo avec "meilleur personnage féminin avec des couilles" de la décennie. Ce que le rythme accuse est toute fois gracié par une très bonne gestion de la tension aidée par de grandioses scènes de batailles ou de combats enchainant morceaux de bravoure d’abuseur LISIBLES et charcutages palpables enclins à un plaisir RÉGRÉSSIF et BARBARE bienvenue.
La suite, c’est un exercice casse gueule. Ils sont légions les bousons, les nanars fauchés estampillés « 2 ». Nombreuses sont les séquelles qui laissent des traces. Mais combien peuvent se targuer de reprendre une formule pour en faire un vocabulaire visuel ? Combien parviennent à signer plans ou séquences piétinant instantanément les souvenirs d’un premier opus ? Combien donnent avec générosité ce que d’aucun qualifiera d’excès après être venu pour faire bombance, ingrats et insatiables ? Combien aiment assez leur antagoniste principal pour lui laisser le droit d’être parfaitement incarné par toute la beauté morbide d’une Eva Green en colère ? Combien distillent encore images et scènes à couper le souffle quand son récit semble pourtant s’essouffler ?
« Oh mon dieu, le réalisateur il a tout copié tout comme le premier en pas plus mieux, bouhouuuu ! »
« Beuah c’est plein de fonds verts ! bouhouuu ! »
« C’est violent ! Et en plus ils disent des gros mots et on voit des fesses ! »
ET OUI CAPTAIN OBVIOUS !
ET OUI !