Déchéance d'un Empire, oui !
Avant qu’il y ait confusion, autant vous le dire de suite : je n’ai pas aimé le premier 300. Mais attention, il s’agit-là d’une question de goût. Je reconnais tout le travail qui a été fait dessus et avoue avoir été bluffé par le style du film (la façon dont c’est fait, le rendu visuel…). Malheureusement, je n’ai pas adhéré, tout simplement. Rien de personnel donc contre le film de Zack Snyder, qui a ouvert bon nombre de portes en ce qui concerne le genre du néopéplum. En bref, je ne le porte pas dans mon cœur mais à aucun moment je ne le considère comme un mauvais film. Ce qui n’est pas le cas de cette suite que beaucoup attendaient.
Mais au final, qu’en est-il de ce nouvel opus qui a mis tant d’années (déjà prévu lors de la sortie de 300 premier du nom) à se concrétiser ? Une suite ? Un prequel ? Les rumeurs allaient bon train à son sujet ! Et au final, la Naissance d’un Empire se présente comme un véritable fouillis : prequel, parallèle, suite. Trois statuts en un ! Là, il y avait de quoi appréhender ce film ! Fort heureusement, le scénario est tellement vide que ce semblant de complexité temporel passe facilement. Et du coup, certaines séquences, certains détails, certains personnages servent de clins d’œil à ceux qui ont aimé le premier. D’ailleurs, avant de vous jeter dans la gueule du loup, il vous est vivement conseillé d’avoir vu le film de Snyder, sinon, vous serez perdus dès les premières minutes du film.
Scénario vide ? Eh bien, faisons le résumé : un héros grec se dressant contre l’envahisseur perse, point ! Il y a bien quelques trames secondaires histoire d’apporter quelques éléments aux personnages (la « naissance » de Xerxès, le fait qu’Artémise soit une tueuse implacable…), mais elles se montrent inutiles tant le film resterait le même si on les retirait du montage. Surtout qu’au final, on s’en fiche un peu que machine ait subi telle ou telle torture pour avoir la haine envers les Grecs. Ce qui nous intéresse en premier dans ce genre de film, c’est le style visuel et l’action !
Mais même là, la Naissance d’un Empire fait diablement honte à son prédécesseur. Qui a eu l’honneur d’être dirigé par Zack Snyder. Ici, nous avons droit à un parfait inconnu (Noam Murro) qui use des effets visuels à l’excès. Sans jamais atteindre le style de base. Et surtout sans en proposer d’agréables à regarder ! Rien que les jeux de lumières, qui prennent l’intégralité de l’écran et donnent par moment un énervant effet de flou. Des gerbes de sang qui pleuvent à tout-va sans que cela ne paraissent crédible à seul instant (surtout avec la lame des épées qui reste aussi propre qu’au moment où elle est retirée du fourreau). De l’eau artificielle (éclaboussures à cause de la tempête, pluie…) qui n’empêche pas nos héros de rester secs, juste humidifiés par leur propre sueur. Des décors de fond mal intégrés qui renforcent en mal l’effet donné par les jeux de lumière. Et cette 3D… Je n’ai jamais eu mal aux yeux, même lors d’une mauvaise conversion. Mais là, s’en était insoutenable, sans exagération ! Où est le plaisir quand on retire sans cesse sa paire de lunettes ? Remarquez, ça m’a évité de pleurer des larmes de sang devant cette abomination visuelle, qui délaisse l’allure comics du premier 300 pour se plonger dans une surdose informatique qui rapproche le film d’un mauvais jeu vidéo.
Et ces effets de mise en scène… Même le film de Snyder n’en avait pas autant ! Par là, il faut entendre les ralentis et les mouvements de caméra lors des combats. Il est vrai que la Naissance d’un Empire préfère délaisser l’histoire pour se préoccuper du divertissement. Risqué mais c’est tout à son honneur. Et pourtant, vous vous ennuierez comme ce n’est pas permis ! La faute à tous ces maudits ralentis (sans, la Naissance d’un Empire pourrait facilement durer 40 minutes au lieu d’1h50), mis n’importe où (même lorsqu’il s’agit d’une scène qui ne bouge pas, comme un panorama), nous balançant à la figure des lenteurs exécrables. Le film aurait très bien pu être un jeu vidéo en action réelle (avec les séquences dites en QTE) que cela ne changerait rien ! Les scènes durent donc péniblement. Nous laissent espérer que le film va prendre fin alors que ça repart, nous obligent à assister à ce déballage d’orgies visuelle… nous gave à un point qu’on s’en lasse très vite dès le premier quart d’heure ! Gâchant les chorégraphies de combat qui, en temps normal, pouvait être plus appréciables à regarder. Ridiculisant même une scène de sexe qui ne titille nullement notre testostérone, nous, pauvres mecs que nous sommes !
Les acteurs ? Pas folichon non plus ! Si l’on ne devait retenir qu’une seule personne à cette distribution, c’est la belle Eva Green. Qui possède un charisme certain, même si, par moment, elle tombe dans le surjeu voire le pitoyable (encore cette séquence bestiale, qui perd également en crédibilité à cause du mauvais jeu de l’actrice à cet instant). Grâce à son aura, elle surpasse sans mal le petit nouveau qu’est Sullivan Stapleton, qui a piètre allure face à Gerard Butler et ses Spartiates. Mais également les « anciens » (ceux qui faisaient partie du casting du premier film), notamment Lena Headey (la femme de Leonidas), véritable tête à claques tant elle joue mal (faux sourire, regard ailleurs, expressions surfaites…). Et puis, erreur de la part de la promotion : pourquoi miser sur la présence à l’écran de Xerxès alors qu’on le voit à peine ? C’est, quelque part, nous prendre pour des pigeons !
Ah oui, j’allais oublier les défauts « mineurs » propres aux nanars de série B. Telles des répliques d’une connerie monumentale et qui n’on aucun sens (« ferme ta bouche à glands », bonjour la poésie et le bon goût ! ce n’est pas parce que c’est un film de macho qu’il faut tomber dans le trash !). Ou encore des invraisemblances qui ne peuvent passer inaperçus, provoquant ainsi l’hilarité involontaire (ce cheval, galopant sur les bateaux en pleine mer, sortant d’on ne sait où !).
Si je devais dresser une liste de mes plus belles erreurs vues au cinéma, 300 : la Naissance d’un Empire se placerait au somment de cette dernière, non loin de Ghost Rider 2. Et le constat s’avère être le même que pour ce Marvel : grâce à cette suite plus que loupée, je commence à vénérer le premier opus, tant il m’apparait désormais comme une sorte de chef-d’œuvre ! Si je n’aimais pas le long –métrage de Snyder, c’était juste à cause d’une question de goût (rappelons-le encore une fois). Là, c’est carrément le film qui en manque ! 110 millions de dollars de claqués pour quoi ? Un artifice visuel sans saveur, affreusement ennuyeux, laid et sans intérêt. Et vu la fin, une suite peut se faire… AU SECOURS !!!!!