Gollum, Cersei et un cheval sont sur un bateau
Si vous aimez le réalisme et plus encore les films historiques documentés, j’aurais presque envie de vous dire de passer votre chemin, même si vous manquerez quelque chose. Pour les amateurs d’hémoglobine en fusion, je vous invite grandement à vous installer devant la suite de 300, qui s’intitule sobrement : 300, la naissance d’un empire.
Il est cependant fortement conseillé d’avoir vu le premier. De un, si vous n’avez pas accroché à celui-ci, pas la peine de vous pencher sur le second opus (c’est du même acabit). De deux, la bataille présentée ici se déroulant en parallèle puis à la suite de ce que l’on voit dans son prédécesseur, ça peut aider à la compréhension de certains nœuds de l’histoire (d’autant plus que le méchant et le traître de 300 apparaissent ici sans être présentés, preuve supplémentaire que la suite est destinée à ceux qui ont vu le un).
Sous le soleil hellénique, rien de nouveau. Les Grecs se battent toujours en slip de cuir, le torse imberbe mais du poil au menton, tandis que les Perses ont toujours autant envie de se faire des souvlakis de guerriers musculeux. Cette fois-ci, en lieu et place du dieu autoproclamé Xersès, plus percé que tous les Perses, nous avons le droit à la vénéneuse Artémise et ses dents surnuméraires (n’en déplaise aux fans mais je trouve qu’Eva Green a une grande bouche). En face, Léonidas ayant fondu aux Thermopiles, il est remplacé par le jeune et fringant Thémistocle, dont on reconnaît les capacités de stratège marin au fait que sa cape est bleue (là où celle de son prédécesseur était rouge).
D’ailleurs, exit l’ocre, le rouge et l’orange, ici, c’est le bleu – dans toutes ses variantes – qui domine l’image. Fini les batailles rangées derrière des murs de cadavres humains, ici, les Grecs se battent sur les flots de la mer Egée. Les galères éperonnent, broient, éventrent leurs consœurs, précipitant des milliers d’hommes dans le royaume de Poséidon. Les rameurs s’activent à une cadence infernale, font reculer les trières à la vitesse d’un hors-bord ou voient leurs outils se briser sur les rochers. Les voiles noires se tendent et deviennent blanches par le bon vouloir d’Eole, propulsant les navires alliés sur les bateaux ennemis. Vous l’aurez donc compris, ici, il est question de bataille navale.
Bien sûr, s’agissant de la suite de 300, rien de ce que vous verrez ne correspondra à ce que vous aurez pu déjà voir en termes de guerre maritime. Dans ce film, les archers font des miracles, perforant des cuisses et des torses à 300 mètres de distance, dans le noir quasi complet, et sans viser (parce que ça, c’est pour les mauviettes). Les pétroliers existent déjà, produisant la toute première marée noire de l’histoire (et avec de l’huile de roche raffinée, s’il vous plaît). Les tortues ninjas aussi (comprennent qui pourra). Les chevaux – enfin, le cheval devrais-je dire – ont aussi l’extraordinaire capacité de bondir hors de l’eau, comme les dauphins, avant de disparaître miraculeusement d’un coup de sabot magique. Et puis, bien sûr, des litres et des litres de sang se déversent à chaque coup de canif.
Bref, ça gicle de partout, c’est capillotracté jusqu’à la racine mais qu’est-ce que c’est beau ! D’un point de vue photographique, j’adore. Certes, rien de tout ce que vous verrez à l’écran n’est vrai. On baigne dans le fond vert jusqu’à la noyade, mais comme tout le film est de cet acabit, ça choque moins que quelques images mal incrustées par-ci par-là (*tousse* Pompéi *tousse*). C’est un parti pris esthétique parfaitement assumé et même volontaire. C’est une bande-dessinée qui s’anime sous nos yeux, plus qu’un film se voulant réaliste. D’ailleurs, pour conclure dans la magnificence visuelle, je vous conseille de rester jusqu’à la fin pour découvrir le générique, qui vaut son pesant de cacahouètes.
Pourquoi 6 me direz-vous ? Ca fait tout de même beaucoup de compliments pour une note aussi basse. J’avais mis 8 à 300 mais je ne pourrais pas remettre autant de points à sa suite.
Un, Thémistocle n’est pas Léonidas. Qu’on le veuille ou non, le gamin a moins de charisme que le Spartiate. Il n’a pas de famille à sa charge non plus, ce qui rend son sacrifice nettement moins prenant pour le spectateur. Ensuite, sa complicité avec les autres guerriers est moins prononcée que ce l’on peut voir dans 300.
Deux, Arthémise n’est pas Xersès. La sombre et revêche Eva Green n’est pas cette grande folle perforée de chef de guerre perse. Non pas que les breloques aient plus ma préférence que le regard charbonneux de l’actrice, mais des deux, je trouve que Xersès a plus de classe. En plus, le réalisateur loupe le coche en ne mettant pas en valeur les yeux de la française (et c’est dommage, parce que c’était bien le genre de film où il y avait moyen d’aller dans la surenchère sans que ça ne fasse tache).
Donc, 6. Avec un petit cœur bonus pour la beauté des images (tout de même).