Avec beaucoup de gaité, le film nous emporte durant 1H30 au coeur de la métropole new-yorkaise à travers de brèves histoires coordonnées et cohérentes entre elles.
Il est très rare d'avoir un long-métrage construit de la sorte, surtout lorsqu'il s'agit de relations amoureuses.
Pourrait-on penser que des titres comme Creepshow (inspiré des Contes de la Crypte) pourrait se rapprocher de 30 Beats, mais celui-là a la capacité - avec un ordre - de coordonner l'ensemble tout en rendant cohérant l'ensemble.
C'est la raison pour laquelle il y a une raison à ce que la première scène (le dépucelage) soit montée en premier et que la dernière scène illustre cette même femme faisant une rencontre dans les rues de Manhattan. Mais globalement, toutes les autres histoires sont ordonnées ainsi et cela en fait un "vrai" début de film, parfaitement cohérent avec la fin, et non-pas un film à puzzle ou encore à séquence. Pour le cas de titres comme Creepshow, ils sont faits de courtes mini histoires qui sont, certes, pertinentes les unes des autres mais dénuées d'ordre et de cohérence.
Il est extrêmement rare de voir de genre de montage cinématographique, d'autant plus qu'ici, le sujet principal est la rencontre amoureuse et c'est d'un éclectisme plutôt hors du commun dans le monde du Cinéma (allant de la jalousie directe, au libertinage, en passant par des personnages à handicaps physiques).
Dans le domaine de la musique, on pourrait appeller une telle oeuvre "une compilation" de musiques mixées, mais 30 Beats est une oeuvre cinématographique uniforme en plus d'être complète du début jusqu'à la fin et immensément diverse.
Un titre comme Memento (de Christophe Nolan) sorti une dixaine d'années plus tôt, n'a pas vraiment le même aspect que 30 Beats et ce n'est pas que en raison du style employé par C. Nolan qui consiste à révéler le dénouement dans les dernières secondes après une imbrication surprenante de passages coupées les uns des autres (et à l'envers, qui plus est).
30 Beats nous portent par les sentiments que par les nerfs, muni d'un montage soyeux, doux et très homogène, là où un Memento se veut avant-tout direct, incitatif et complexe ; restant donc bien dans des codes du "thriller" qui suscite avant-tout l'intrigue jusqu'au dénouement final des dernières minutes.
30 Beats séduit et charme celui ou celle qui regarde avec une certaine attention, ne brusque jamais (même après certaines mises en scènes et autres situations plus qu'incongrues) et parvient même à séduire et charmer sans jamais heurter une seule seconde (et même après quelques répliques étonnantes).
Il s'agit d'un film en anglais et à ma connaissance il n'existe pas de doublage en français. C'est à se demander comment il en aurait été autrement, tellement que les dialogues sont agréables à entendre venant de certains acteurs et de certaines actrices.
C'est un titre réalisé par un certain Alexis Floyd, qui, il faut l'admettre, n'est pas le réalisateur le plus connu et cela en pourrait être presque surprenant tellement - selon moi - ce film hors-du-commun est magnifique en plus d'être, sans hésitation, un chef-d'oeuvre brut et rare.