--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au second épisode de la quatrième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_2_King_Crocs/2478265
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
La Cinémathèque n’a toujours pas ouvert sa rétrospective, et j’en profite pour prendre de l’avance et refleurir mes connaissances. Pour cette deuxième séance, j’avais convoqué mon bras droit, et uniquement elle, à regarder le film avec moi. Nous sommes allées chasser ensemble, et puis nous avons ramené notre butin à la maison pour le grignoter comme du pop-corn devant ce film intriguant, l’un des laissés pour compte du premier mois-vampire, et qui attendait sagement dans un coin de liste que je le remette au goût du jour. C’est chose faite. Nous avons regardé 30 Jours de Nuit, entre grand étonnement et profond ennui.
Ce film est remarquable pour sa dualité brute. A la fois tout et son parfait opposé. Un film horrifique mais qui ne fait que de parler des mystérieuse relations mélodramatiques entre ses personnages. Un film d’un sexisme affligeant (sérieusement, 1, vous trouviez que c’est un bon nombre pour la quantité de personnages féminins ?), mais ou ledit personnage féminin est à la fois très courge et très courageux. Un film spécialement de vampire mais qui se serait simplifié la vie à être un film de zombie. Un film terriblement banal, malgré un contexte plutôt original. Bref, on l’aura compris, ça ne marche pas. Le film ne raccorde pas avec lui même.
Les sujets s’entre-tuent : comment voulez-vous avoir peur quand vous savez pertinemment qu’aucun de ces deux crétins ne mourra avant d’avoir embrassé l’autre ? Mais à l’inverse, comment voulez-vous être ému quand le réalisateur enferme sa narration dans un mystère qui cesse d’être intriguant au bout d’une demi-heure, puisqu’on comprend qu’en fait ce n’est qu’une mauvaise dissimulation des trous du background ? Et tout cela nous conduit à cette scène finale risible, qui se voulait belle et terrifiante à la fois, mais qui n’est rien de plus que le date le plus raté de l’histoire du cinéma…
L’idée était bonne et c’est ce qui est le plus dommage, ce pitch prometteur qui ne mène finalement nul part. Une bande de vampires profite de la situation géo-climatique d’une ville isolée, qui s’appète à vivre un mois de nuit complète, pour envahir ledit village et chasser tout son saoul, sans craindre ni le soleil ni les renforts humains. Et si ça n’était pas traité comme un film de zombie archi-classique (sérieusement, on dirait juste un mauvais épisode de Walking Dead), ça aurait pu être un film formidable, qui aurait pu nourrir richement le sujet qui semblait asséché du vampire au cinéma, avec originalité et nouveauté et intelligence. C’est vrai, pendant un siècle de cinéma et plus en littérature, on a fait s’enfermer les vampires dans des cercueils tout le jour. Pourquoi effectivement ne pas concevoir qu’ils puissent s’établir dans ces régions ou il fait tout le temps nuit ? Autre fulgurance qui aurait pu s’intégrer dans ce film qui aurait pu être bon, le fait que les vampires expliquent ceci : qu’ils se sont acharnés à faire croire aux humains qu’ils ne sont que fiction, et qu’ils ont mis plusieurs siècles à y parvenir, et qu’ils feront tout pour conserver ce statut légendaire. Brillant. Et bien que je connaisse ma tendance à juger de « brillant » également toutes les références qui puissent être faite aux films précédents, je pense ne pas trop m’emballer en disant que ça résonne plutôt intelligemment avec la remarque que fait ce personnage féminin (dont je ne sais toujours pas si je dois la réduire à sa blondeur ou à son gros flingue ?) que ce n’est pas parce qu’une méthode a fonctionné sur Bela Lugosi qu’elle fonctionnera sur leur problème immédiat. Dommage également que le décor qu’imposait ce scénario n’ai pas été exploité comme un décor parfait pour un film d’horreur (je pense que la neige n’est pas innocente dans la réputation que se forge The Thing, ce film que je n’ai pas encore osé regarder), mais comme un simple décor lambda, dont le traitement visuel ne dépasse pas celui d’un téléfilm peu inspiré…
Cependant, le film nous pose des questions, à nous cheffes de meute face à la crise imminente. Et nous sommes face au cas Bela Lugosi : devons nous, comme les personnages du film, faire confiance à la fiction ? Le film nous incite à le faire, puisque la méthode Bela Lugosi s’avère fonctionner dans leur cas. Fonctionnera-t-elle pour nous ? Les vampires ont-ils eu cette intelligence et cette coordination de groupe hors-du-commun de provoquer leur gloire sur écran et leur disparition des croyances conjointe ? Si tel est le cas, nous devons nous inquiéter. Ils sont nombreux, nous le savons, mais s’ils sont aussi organisés, ce ne sont pas que les vampires de Paris qui vont nous tomber dessus, c’est la troisième Guerre Mondiale. Devons-nous faire marche arrière ? Montrer patte blanche, nous excuser auprès d’eux d’avoir voulu rivaliser avec leur superpuissance en créant cette alliance de meute ? Non. Non, nous ne pouvons pas d’une part, je ne peux pas empêcher Lycaon de reformer sa meute sur sa terre natale, et nous ne pouvons pas nous empêcher de nous aimer. Si cela suffit aux vampires pour penser que nous allons former une alliance politique inédite, nous n'y pouvons rien. Quant à l’idée de, moi, renoncer à ma meute Parisienne, c’est hors de question. Non, nous ne pouvons pas faire ça, mais nous devons agir avec prudence. Ne pas nous précipiter tête baissée au combat. Ne pas montrer trop ouvertement que nous préparons la guerre. Et viser les pourparler avant les coups de crocs. Mais parviendrons nous à faire taire la haine qui monte des deux cotés sous des traités de paix et des courtoisies factices ? Rien n’est moins sur...