Les lundis au soleil

Adapté du roman graphique de Steve Niles et Ben Templesmith, 30 jours de nuit tire son épingle du lot des films de vampires grâce à son décor inédit : une ville coupée du monde en Alaska, à une période où le soleil ne se lève pas pendant trente jours, l'occasion rêvée pour une horde de vampires sanguinaires d'en faire un garde-manger. Et s'il conserve bien entendu son allure de film du genre classique, le long-métrage de David Slade (l'excellent Hard Candy) n'est cependant pas un énième film où les suceurs de sang tuent tout ce qui bouge avec des effets Matrix inconcevables : ici, c'est le suspense qui prime avant tout.

Porté par une troupe de comédiens confirmés menée par un Josh Hartnett surprenant en héros malgré lui et une excellente Melissa George, 30 jours de nuit suit donc la mésaventure d'une bande de réfugiés tentant de survivre à un mois sanglant contre des créatures apparemment aussi invulnérables qu'insatiables. La réalisation nerveuse de Slade nous plonge au cœur-même de l'action, désespérée et sans issue. Grandement inspiré par John Carpenter et notamment à The Thing, ce grand huis-clos enneigé s'avère diablement pesant, jouant autant sur le profil horrifique, avec ses affrontements sanglants, ses courses-poursuites haletantes et ses séquences de suspense, que sur l'aspect psychologique de ses personnages, certes sous-exploité mais néanmoins suffisant à l'intrigue.

Toutefois, le film contient quelques défauts avec des baisses de rythme malencontreuses et surtout un manque de repère temporel, les fameux trente jours du titre passant à une vitesse éclair à l'écran, nous empêchant malheureusement de vivre ce calvaire intérieur que doivent subir ces survivants, contrairement à L'Armée des morts qui s'intéressait un peu plus sur le quotidien de ses personnages. Contenant néanmoins quelques retournements de situations, des séquences gore et de moments de cruauté irrévérencieux, le long-métrage arrive à nous tenir suffisamment en haleine, Slade usant de nombreuses références pour immiscer son spectateur dans cette bourgade prise au piège.