«C’est le seul de mes films que je n’aime pas vraiment", déclarait Sydney Pollack à propos de ce thriller téléphonique, le premier film pour le cinéma du futur réalisateur de Jeremiah Johnson et de Tootsie. «Je n’ai pas eu la possibilité de faire ce que j’avais espéré réaliser. Je voulais raconter une histoire d’amour qui se déroule au téléphone: deux personnes ne se voient jamais mais dans un laps de temps très court tombent amoureuses l’une de l’autre, se brouillent, se réconcilient et ainsi de suite (…) Il y a quelques jolies choses tout de même mais le film n’était rien d’autre qu’une grande «dramatique» de télévision. » (in Jean A. Gili, Sydney Pollack, 1971). L’autocritique est sévère mais n’a rien perdu de sa justesse un demi-siècle plus tard, même si la première partie du film, où l’on voit Sydney Poitier seul dans son bureau s’agiter d’un combiné à l'autre pour retenir l’attention de son interlocutrice tout en essayant d’alerter les secours, est assez réussie et va dans le sens de ce que souhaitait Pollack. Les scènes quasi-documentaires dans les couloirs labyrinthiques du central téléphonique ne manquent pas non plus d’intérêt. Par contre les flashbacks décrivant les circonstances qui ont poussé au suicide cette mère de famille apparemment sans histoire sonnent terriblement faux: Anne Bancroft semble beaucoup trop sophistiquée pour incarner une femme de marin-pêcheur, lequel ressemble d’ailleurs plus à un plaisancier qu’à un travailleur de la mer.