Le réalisateur brésilien Fernando Mereilles fit en 2002 une entrée fracassante dans le monde du cinéma international avec La Cité de Dieu, violente mise en scène d’un quartier défavorisé de Rio de Janeiro. Depuis il avait confirmé son talent avec The Constant Gardener en 2005 (avec, déjà, Rachel Weisz !). 360 se veut une adaptation libre et actuelle de La Ronde d’Arthur Schnitzler. L’œuvre originale consiste en une dizaine de dialogues entre un homme et une femme ayant une relation sexuelle. Par le choix des situations et de ses personnages, Arthur Schnitzler souhaitait brosser un portrait de la société viennoise de la fin du XIXème siècle.
Pour 360, Mereilles voyait les choses en plus grand : sortir de la capitale autrichienne pour embrasser le monde. Il offre ainsi une touche internationale à l’œuvre en mêlant une Brésilienne à un détraqué sexuel américain ou un Jamel Debouzze en dentiste à son assistante russe. De ce nouvel horizon ne ressort pas ou peu de choses. Nous ne sommes pas loin d’un discours de ‘citoyen du monde’…
Les histoires s’entremêlent, les personnages sont emportés dans le grand cercle de la vie ; ils se trompent, se découvrent et, parfois, s’aiment. Kaléidoscope de destins, ils évoluent sous nos yeux et s’entrecroisent sans véritablement se voir. Contrairement au livre de Schnitzler, ce ne sont plus des duo mais plutôt des trio et d’autres sentiments (l’amitié, la culpabilité, la religion, …) prennent le pas sur la relation sexuelle. Idée intéressante mais desservie parle manque de profondeur des scènes. Néanmoins le film déroule agréablement les histoires mais pêche par un côté moralisateur trop marqué (la prostitution ce n’est pas bien, un détraqué sexuel peut se sauver, …). Plutôt qu’une valse d’histoires, l’œuvre s’oriente malheureusement vers une suite d’instantanés cristallisés par un moment (Jude Law prêt à tromper sa femme, Jamel qui se refuse à l’amour, Maria Flor dans une chambre d’hôtel).
En définitive, malgré les leçons de morale et la superficialité des scènes, on passe un bon moment. Fernando signe là un film passable mais fluide. Le casting impressionnant n’y est pas étranger puisque Rachel Weisz, Anthony Hopkins ou encore Maria Flor portent le film, et l’on peut saluer la technique pour l’image et le rythme.
On sera gré au réalisateur d’avoir évité les écueils de Babel (à savoir une prétention sans limite, un misérabilisme fatiguant ainsi qu’un cruel manque de rythme). Peut-être que Schnitzler n’est tout simplement pas fait pour le cinéma… 360 est limité mais surpasse l’adaptation de Kubrick d’une autre nouvelle de Schnitzler : Eyes wide shut pour la Nouvelle rêvée…