Sorti au tout début des années 90, 36-15 Code Père Noël est un véritable conte de fée sombre et désespéré, sorte de Maman j'ai raté l'avion français saupoudré d'une bonne dose de noirceur quasi-fantastique. Le film met donc en scène un scénario original dont l'idée principale demeure bien contenue du début à la fin, soit l'éternelle enfance déchue et les dangers du minitel (l'internet de l'époque).
L'histoire inédite nous entraine donc chez Thomas, jeune fils de riche délaissé avec ses jouets et son grand-père gâteux qui, un soir de Noël, va devoir affronter un serial-killer déguisé en Père Noël. À la fois sombre et explosif, le deuxième film de René Manzor, après l'excellent Passage avec Alain Delon, s'avère très vite prenant, porté par une excellente interprétation, du jeune Alain Lalanneen parfait en garçon naïf mais débrouillard à Louis Ducreux excellent en grand-père attentionné à demi-aveugle et Patrick Floersheim terrifiant en tueur totalement barjo... On pourra certes regretter une réalisation parfois maladroite (trop de ralentis inutiles, les pièges de Thomas pas assez étendus...), une musique tantôt new wave tantôt pseudo-militaire pas très calée sur le sujet.
De plus, le côté "Père Noël tueur" n'est pas assez exploité, le long-métrage tâtonnant entre aventure pour gosses solitaires et film d'épouvante pour adultes amateurs de films de genre. En revanche, les décors restent magnifiques, devenant vraiment un personnage à part entière de l'histoire, en particulier le manoir et son labyrinthe de sapins enneigés faisant immédiatement penser au Shining de Kubrick. En somme, 36-15 Code Père Noël est une œuvre rare certes inégale mais terriblement sombre et plutôt bien menée, définitivement ancrée dans le cinéma de genre tricolore.