Pour son deuxième passage derrière la caméra après un Gangsters de bonne facture, l'ex-membre de la PJ Olivier Marchal délivre ici un polar nerveux, réaliste, passionnant, digne d'appartenir aux meilleurs films de genre. D'un réalisme saisissant, le scénario s'avère immédiatement prenant, intense, mêlant drame profondément humain et film policier d'antan, renouant avec le polar français des années 60 où deux flics rivaux vont chacun à leur manière définir leur avenir autour de la plus importante arrestation de Paris.


Mais si l'un ne pense pas plus que ça à son futur poste, l'autre est en revanche beaucoup plus intéressé et prêt à tout pour obtenir le poste... Le premier, c'est Léo Vrinks de la Brigade de Recherche et d'Intervention, campé par un Daniel Auteuil sidérant, habité, l'un de ses meilleurs rôles. Léo est un flic plus ou moins intègre, avec une famille aimante, une carrière au top, des amis fidèles et des valeurs irréprochables.


Le second, c'est Denis Klein de la Brigade de Répression du Banditisme, interprété par l'omniprésent Gérard Depardieu dans une prestation mémorable, l'acteur castelroussin présentant ici un personnage dégueulasse comme on en a rarement vu dans le genre. Car Klein est un pourri, un ambitieux, un salaud de première qui va tout faire pour devenir le nouveau directeur de la Police Judiciaire, quitte à mettre à mal ses collègues ou même faire tomber ses adversaires d'une manière ou d'une autre.


Pas un seul rôle pris à la légère, la musique enivrante d'Erwann Kermorvant, quelques scènes d'action explosives et soutenues (le raid contre les trafiquants n'a rien à envier aux productions hollywoodiennes), une atmosphère glaçante, de l'émotion soigneusement étalée sur un scénario brillamment écrit où intelligence et réalisme s'entrechoquent avec maestria.


De dialogues incisifs (« L'administration est une vieille fille : elle n'aime pas être prise en levrette. »), des rebondissements haletants, un sens inouï de la mise en scène et une interprétation tout simplement bluffante font donc de 36 Quai des Orfèvres l'un des plus grands polars jamais réalisés. Un chef-d'œuvre français, c'est rare, autant en profiter.

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le 2 avr. 2019

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