Après un premier film très prometteur mettant l'accent sur des dialogues fleuris au sein d'un quasi huis-clos ("Gangsters"), Olivier Marchal passe la seconde avec "36, quai des orfèvres", parvenant à réunir la fine fleur des comédiens français pour une véritable fresque policière, qui cette fois fait la part belle à l'action et à l'enquête de terrain.
Pour illustrer sa vision des guerres intestines (BRB versus BRI) et autres luttes d'influence au sein des services de police, Marchal choisit de s'inspirer - très librement - de faits réels : l'affaire dite du "gang des ripoux", qui ébranla la PJ parisienne au mitan des années 80. Ainsi, les personnages joués par Auteuil et Depardieu sont inspirés respectivement de l'inspecteur Loiseau (conseiller sur le film) et du commissaire Mertz.
Parmi mes éclaireurs, je constate un contingent important de spectateurs qui ont adoré ou détesté, preuve que le film laisse rarement indifférent. A titre personnel, j'avais apprécié "36" à sa sortie, avec toutefois d'importantes réserves (en terme d'invraisemblances notamment).
A la revoyure, le film remonte dans mon estime, je lui trouve désormais une aura de véritable classique du polar français, d'autant qu'on sait désormais qu'Olivier Marchal aura incarné le genre en France durant de longues années (qu'on aime ou pas le style de l'ancien flic).
Les invraisemblances et autres facilités d'écriture sont toujours là, bien entendu, mais après tout les standards américains tels que "Heat" de Michael Mann en sont également émaillés, ce qui ne nous empêche pas de les admirer.
Et puis globalement, le scénario apparaît bien tenu, Marchal et ses co-auteurs (Franck Mancuso et Julien Rappeneau) parvenant à imbriquer habilement plusieurs arcs narratifs, intégrant efficacement au récit central diverses sous-intrigues et moult personnages secondaires.
J'ai aussi noté quelques ratages en terme de mise en scène (à l'image de la scène pivot de l'accident de Roschdy Zem et Valeria Golino, vraiment cheap en terme de cascade automobile), même si la réalisation reste de bonne tenue dans l'ensemble.
Les dialogues au kilomètre de "Gangsters" sont désormais moins omniprésents, ce qui n'empêche pas Marchal de nous offrir quelques punchlines savoureuses, du type :
"- L'administration est une vieille fille, Léo, elle n'aime pas se faire prendre en levrette".
Si "36, quai des orfèvres" n'est pas dénué de défauts ni de maladresses, et ne convaincra pas les allergiques au style viril et désabusé d'Olivier Marchal, ce titre reste à mon avis le meilleur de sa filmo.
Pour ma part, après avoir revu (à la hausse) ses deux premiers films, je vais poursuivre mon cycle Marchal en espérant d'autres bonnes surprises parmi les suivants, qui m'avaient semblé nettement inférieurs lors de mes premiers visionnages.