36 ... The Number of the Beast
«36 Quai des Orfèvres» est un film assez intriguant au départ. Considéré à sa sortie comme le «Heat» français, il a acquis une belle réputation depuis, certains critiques n'hésitant pas à dire qu'il a remis sur le devant de la scène le polar à la française : froid, direct et percutant. Olivier Marchal, ancien policier, s'occupe de la réalisation, du scénario, de tout en fait. Pour son deuxième film, il s'inspirera de son passé pour créer son œuvre.
Si «Heat» est aussi connu, c'est avant tout pour l'affrontement entre deux monstres sacrés du cinéma américain. Le rapprochement avec «36 Quai des Orfèvres» est assez évident, on a ici l'affrontement entre deux monstres du cinéma français, deux dont la réputation n'est plus à faire : Daniel Auteuil et Gérard Depardieu. Le reste du casting reste aussi impressionnant, André Dussolier, Roschdy Zem pour ne citer que les plus connus. Je dois avouer (profitez-en) qu'ils sont tous bons dans l'ensemble, mais la palme revient au duo qui s'affrontent, chacun livrant tout ce qu'ils ont dans le ventre et les tripes.
La réalisation d'Olivier Marchal est assez exemplaire, certains cinéastes français s'en sont inspirés pour leurs thrillers et autres polars (tout en y ajoutant leur propre touche personnelle pour une poignée). Une mise en scène nerveuse, froide et percutante, qui atteint son point d'orgue lors des scènes de fusillade, de véritables plaisirs visuels tant le montage est nerveux mais terriblement lisible. La scène de l'enterrement d'un flic est, en soi, assez belle, filmée avec une grande sobriété, mais qui, malheureusement, tombe dans le too much comme toutes les scènes dites tristes.
Le scénario est tout de même assez maîtrisé même si, personnellement, j'ai eu du mal à suivre. Les dialogues sont parfois crus, nous plongeant dans l'univers violent et viril de la police tel que l'a vécu Marchal. L'énorme problème du film, déjà évoqué précédemment, est l'énorme pathos qui parcourt le film. Rajoutez en plus de cela la musique omniprésente et le drame n'existe plus. Cela en devient pratiquement insupportable à certains moments du film. Je me suis vraiment demandé à certains moments du film si les compositeurs ne s'étaient pas suicidés après avoir composé pour le film …
«36 Quai des Orfèvres» est vraiment un bon film, un vrai «Heat» à la française (sans bien sûr la maîtrise d'un Mann), l'affrontement entre ces deux grands est assez phénoménale, le film est seulement plombé par un pathos assez gargantuesque. Huit nominations aux Césars, belle prouesse pour un film de ce genre, film qui reste tout de même assez violent par moments, j'avoue avoir été surpris par ce film, je retrouve, petit à petit, espoir pour le cinéma français des années 2000.