Le public est très indulgent avec ce documentaire. Le sujet traité et les émotions qu'il suscite n'y sont sans doute pas pour rien. Mais un tel plébiscite paraît quelque peu exagéré.
Avant tout le film obéit à des codes simples. Images d'archives et entretiens s'enchaînent, guidés par la voix de Benoît Allemane. On ne bouge pas trop les lignes, on ne prend pas de risques.
Et puis survient un problème plus important. Les quatre femmes qui témoignent ont vécu des situations très différentes et ont réagi aussi différemment face aux événements - cela est intéressant. Mais là où le procédé atteint ses limites, c'est quand il met sur le même plan quatre experience radicalement différente. C'est bien le film qui produit cet effet, par son montage, l'enchaînement de ses plans. Ainsi se trouve-t-on confronté, sans transition, au récit d'une rescapée des camps d'extermination, qui a vécu la déportation et l'horreur que les nazis réservaient aux juifs, le discours d'une femme qui a littéralement vécu la vie de château pendant la guerre, et dont le souci principal était la conservation des œuvres d'art du Louvre dans la cave des grandes demeures qu'elle habitait avec sa famille. Cette femme se perd parfois dans quelque envolée lyrique et cite son propre livre, juste après que le spectateur a appris que telle autre est rentrée en résistance suite à la mort de son frère de six ans, et que telle autre a dormi parmi les cadavres dans les camps de l'Allemagne de l'ouest.
L'absence de questionnement sur l'appartenance de classe, et sur ce qu'elle détermine dans le vécu concret, conduit à un propos qui frise l'indécence, et qui place cette femme, qui s'est déplacée de château en château, dans la position d'une privilégiée qui peine à attirer l'empathie - alors que c'est ce que cherche le film.
Du reste, on ne le dira jamais assez, le peuple français colonisé par les nazis est entré en résistance en réponse à la violence des colons. La violence coloniale structure nécessairement la violence du colonisé