On sort rarement d'une salle obscure retourné après avoir vu un mauvais film. Le choc est tel qu'il est difficile de décrocher un mot.
C'est un film de procès, mais qui use de ficelles originales. Le procès apparaît presque comme une question périphérique, à côté de l'histoire de Kelly-Anne, modèle, joueuse de poker pro, manifestement en proie à des troubles personnels. Le procès est un prétexte, peut-être, à son voyeurisme, à l'expression de ses frustrations ; et peut-être, aussi, à déranger un spectateur voyeur malgré lui.
L'humanité est la grande absente de cette histoire. On la retrouve chez Camille, personnage touchant, naïf, un brin complotiste, mais profondément humain. Le contraste est criant entre les deux personnages. Et ce contraste accroît plus encore le malaise.
Plus le film avance plus on avance dans l'horreur. Les images - et le son - parlent d'elles-mêmes. Seul bémol, un screamer çà et là tout à fait superflus.
Ce film aurait pu être nanardesque, mais réussi à nous embarquer dans cette histoire sordide, de procès et de femmes radicalement différentes. Les scènes de Kelly-Anne seule face à son écran auraient pu faire série B. Mais il n'en est rien. Le film nous prend à la gorge et ne nous lâche jamais, même au moment du générique de fin.