Jerome: On change ce qui inscrit maintenant que le shérif est mort ?
Mildred : Non vu que c'est lui qui paie !
Je ne vais pas mentir, j'étais un peu sur ma réserve sur ce film. En effet, je ne suis pas particulièrement fan du réalisateur (oui , je fais parti des personnes qui avait trouvé Bon Baiser de Bruges vraiment sympathique mais sans plus) et maintenant, je ne suis pas fan des "Films à Oscars" (vous savez, ces films qui sont fabriqués rien que pour être un film pour qu'un acteur ou une actrice ait un Oscar avant d'être un film qui même si il sera toujours bon, ne sera pas un film marquant. N'est-ce pas Still Alice ? Malheureusement j'aurai pu parler du bien meilleur Room aussi). Du coup, un film en compétition par un réalisateur que je ne trouve personnellement pas excellent, ouais. Même la présence de la trop rare Frances Mac Dormand (les fans de Fargo et de Burn After Reading savent de quoi je parle) ne m'a pas convaincu au départ. Cela dit, j'ai tenté le coup et finalement c'était une énorme surprise. Et ce film est une surprise à tous les niveaux. Non seulement il est meilleur et plus poignant que Bon Baisers de Bruges, mais c'est un film réfléchi et maîtrisé capable de nous questionner sur notre rapport aux faits divers et au limite de ce qui nous rend humain ou compatissant, voire même qui brasse bien plus de thème sans se dispersé.
Une réalisation poignante bien que fonctionnelle
La réalisation est vraiment bien maîtrisée en terme d'imagerie. On n'a pas une image trop lisse mais qui sent vraiment la campagne dans ce qu'il y a de plus sombre. Le montage est vraiment bien fait et on a en fasse un vrai film et non une espèce de téléfilm avec du budget. Si on regarde bien, c'est le piège que le film aurait pu tomber; être un téléfilm de cinéma. Il s'est révélé bien plus maîtrisé par sa simplicité. Ce film donne beaucoup de force aux personnages et est plus impactant que Pentagon Papers (attention, j'aime bien Pentagon Papers et d'un point de vue film cinématographique, il est au dessus. C'est juste qu'en terme d'impact, 3 Billboards est mieux). On a aussi un film qui musicalement nous renvoie à la campagne américaine. Ce qui n'est pas mal du tout. Cela dit, d'un point de vue film, cela reste globalement du fonctionnel. En effet, le film met plus l'accent sur l'histoire et surtout ses personnages.
La colère de Mildred face au monde
L'un des personnages qu'on retient est Mildred (Frances McDormand). C'est assez incroyable de la voir jouer des femmes fortes. C'est une mère qui en a marre de l'inaction des forces de l'ordre avec qui elle n'entretient pas de rapports véritablement hostile (enfin sauf un, mais on va y revenir). C'est le genre de personnage que j'aurai pu détester il y a 10 ans, mais plus maintenant (oui, il y a 10 ans, il y avait ce type de personnage dans Civil War en comics, pas étonnant que la version cinématographique l'ait réduite en caméo). C'est une sorte de Cindy Sheehan qui ne faut pas chercher et qui s'avère être impulsive mais qui veut faire évoluer les choses, quitte à mettre toute la ville à dos. Elle en chie à cause de son ex-mari, des policiers (surtout 1) et sa rage la rend vraiment cynique. Cependant, le film pousse le personnage bien plus loin de son pourrait imaginer.
L'autre personnage qui est excellent, Jason Dixon (Sam Rockwell). C'est policier ouvertement raciste et qui n'en a rien à faire de Mildred. Cependant, on sent que c'est un personnage de gros dur de la classe, qui s'est enfermé dans un personnage d'être détestable car il est seul, mal considéré par une partie de la population et surtout que personne n'a vu au delà de ce qu'il est (en plus il vit encore chez sa mère). Mais au final, il va évoluer et venir en aide à Mildred de façon détournée avant de faire un sacré mauvais coup (à savoir brûler les panneaux). Un personnage qu'on attendait pas et qui est génial.
Bill Willoughby (Woody Harrelson) est un shérif cool, mais qui n'est pas non plus une personne qu'on aimerait détester. C'est un père de famille qui a un cancer du pancréas et qui risque de mourir d'un moment à l'autre
Il meurt à la moitié du film
Il était au début persuader que l'action de Mildred était vain mais ce n'est pas pour autant qu'il désapprouve. Cependant, les conséquences lui mettent vraiment la pression. Et c'est là que le film est malin car il nous questionne sur lequel des 2 personnages doit on soutenir. La question est difficile mais le film nous a décidé pour nous. A travers de ses 2 personnages, on sait qui doit - on soutenir.
Les autres personnages sont secondaires mais apportent aussi de bonnes thématiques.
D'abord, l'ex-mari Charlie Hayes (John Hawks) est la personne qu'on déteste. C'est le mari, violent avec sa femme qui l'a plaqué à la mort de sa fille pour une autre qui est à peine majeur Pénélope (Samara Weaving la nièce d'Hugo Weaving que vous avez vu dans le film Netflix Babysitter), qui est littéralement Anastasia de 50 Nuances de Grey; à savoir, timide, gentille avec les animaux et les personnes âgées et qui énerve à chaque parole. Bref, le genre de personne qu'on aimerait gifler (et Dieu sait que j'avais envie de tarter Anastasia Steel tellement elle m'énervait dans 50 Nuances Plus Sombres, et pourtant je ne déteste pas l'actrice, #blackmass), mais tu ne peux pas parce que ce n'est pas de sa faute.
Red Welby (Caleb Landry Jones) est aussi un personnage sympathique mais qui est un vrai souffle douleur dans ce film (l'acteur aime bien les films où il est bousculé). C'est le gérant de la compagnie responsable des affiches mais qui est vraiment dans une situation peu enviable. Et il s'en prend tellement plus que Mildred qu'on a mal pour lui (tout le contraire de Get Out quoi)
James (Peter Dinklage) est aussi sympathique en tant que bon gars prêt à rendre service. Il n'est pas particulièrement développé mais il représente une partie de la ville qui agit en faveur de Mildred, allant jusqu'à la protéger contre elle-même. Là où toute la ville en gros est contre elle (même si ce n'est que suggéré).
Anne Willoughby (Abbie Cornish) la femme du shérif n'est pas non plus particulièrement importante mais est l'élément de stabilité pour Bill. Malgré sa colère vers le milieu, on sent qu'elle oscille entre le faite d'en vouloir à Mildred (et elle aurait pu, n'importe quel téléfilm plongerait à corps perdu dans ce cliché) mais elle est traitée avec suffisamment de justesse.
,
Abercrombie (Clarke Peters) est le nouveau chef de la police et celui qui sera le plus motivé à dénouer l'affaire. Cependant, malgré le fait qu'on nous le montre pas, son personnage a lui des difficultés à résoudre l'affaire. Signe que les choses ont évolué dans l'histoire, il essaye d'apaiser les tensions mais on ne saura jamais qui a commis le viole de la fille de Mildred.
Bonne transition pour parler de sa fille justement. Jouée par Kathryn Newton , Angela étai l'adolescente typique rebelle contre sa mère avant qu'elle ne fasse violée et décède. Le peu de moments suffit à voir que Mildred se sent vraiment coupable que sa fille l'ait quitté de cette façon.
Autre personnage important, le fils Robbie (Lucas Hedges) est égale aux autres enfants de son âge. Protecteur envers sa mère mais voulant retrouver une vie équilibrée et normale. On sent qu'il veut faire comme les autres à savoir tirer un trait sur le passé, mais il soutient sa mère qui le lui rend bien (la manière dont Mildred punit ses camarades est à mourir de rire).
Jerome (Darrell Britt-Gibson) et Denise (Amanda) sont respectivement les employés de l'agence de panneaux publicitaires et de la boutique de souvenir. Ils représentent tous deux la communauté afro-américaine qui subissent la discrimination des forces de l'ordre. Ils soutiennent naturellement Mildred et subissent malgré tous les conséquences. Bien qu'ils ne sont pas développés leur interventions sont quand même déterminante.
Ah et on a enfin Mama Dixon (Sandy Martin) qui est la maman protectrice, et l'étranger qui menace Mildred
Mère courage en colère
L'histoire qui pourrait être tiré d'une histoire est un récit totalement original sur l'inaction et le faite qu'on détourne le regard. D'ailleurs, les paroles qu'elle marque sont ce qu'on peut répéter face à l'inaction :
« Violée pendant son agonie »
« Toujours aucune arrestation »
« Pourquoi, Chef Willoubhy ? »
Les paroles sont écrites en noirs sur fond rouge auraient pu être anecdotiques vu que les panneaux sont sur une route peu fréquentée; néanmoins leur existence même dérange. Et c'est le but. Interpeller et réagir. En un sens, c'est un peu l'équivalent de ce qu'on a de nos jours avec les Hashtags. Et quand on voit à quel point cela marche et dérange, on remarque à quel point le film nous questionne. En effet, les habitants ne sont pas ravis qu'elle le fasse au contraire du shérif qui comprend et qui essaye de voir s'ils n'ont pas omis quelque chose de concret. La situation sera plus explosive dans la deuxième partie où les rapports de forces vont se tendre de plus en plus. Une situation dont Abercrombie sera aussi impuissant. Mais cela permettra aussi de faire évoluer les personnages notamment Jason qui va finir par changer et venir en aide à Mildred. Et il y a aussi une chose que je trouve avec le recul brillant
Quant à la fin, au début je ne comprenais pas pourquoi la conclusion n'aboutissait pas à la confrontation de Mildred et Jason contre le violeur présumé. Officiellement, l'homme n'est pas coupable, mais le comportement de l'individu pendant tout le film est ambiguë. A-t-il vraiment été à l'étranger le soir du viol ou cela n'était qu'une couverture ? Mildred et Jason vont - ils faire justice eux-mêmes ou le forcer à avouer ?
Le faite qu'on nous laisse le flou à la fin est génial car au final, le film est allé au bout de sa logique. Et ça peu de films le font préférant donner un final, plutôt qu'une fin qui questionne (c'est pour ça qu'à la fin d'Interstellar on laisse suggéré que Cooper va sur la planète). Bref, un film poignant à tous les niveaux.
Mon pronostique pour l'oscar
Ce film avait tout d'un simple et banal film à oscar, mais il s'avère qu'il est un film plus que marquant. Bien réalisé, bien interprété avec une thématique très forte et des plans réfléchis, il s'agit d'un de mes premiers vrais coup de cœur de 2018. Du coup, j'aimerai bien qu'il ait au moins un oscar du scénario ou du film. Mais bon vu les autres, la concurrence sera difficile !