Premier gros choc cinématographique de cette belle année qui s'annonce: Three Billboards Outside Ebbing, Missouri. Hollywood s'affranchie de ses conventions et nous offre un grand, grand film. Une oeuvre revêche, drôle et profonde. Attention, talent à l'horizon!
Martin McDonagh est un adepte de la vengeance.Bons baisers de Bruges et 7 psychopathes traitaient déjà de ce sujet mais force de reconnaitre que ces deux films étaient plutôt moyens. Avec son dernier bébé, Mister Martin réussit son coup et nous livre une vendetta entre voisins absolument jouissive. Three Billboards c'est un western; Un western tenant lieu dans une ville paumé de l'Amérique profonde avec une bonne femme assoiffées de justice, un shérif et sa clique qui tiennent leur bourgade, des duels de regards, des coup bas, des moments d'attentes et de tensions avant que le premier coup de feu ne retentisse. Les vents de Nemesis souffle sur Ebbing et chacun devra choisir son camp avant le duel final.
La vengeance à tous les niveaux, la revanche comme arme de guerre. Oeil pour oeil, dent pour dent. Ce condensé de haine est à l'origine de Frances McDormand, magnifique en mère dure et aride prête à tout pour coincer les meurtriers de sa fille. Mais alors vraiment à tout. Comment ne pas la comprendre? Ses actes vont entrainer des conséquences inouïs quitte à lui donner le mauvais rôle. Mais on s'en moque. Elle s'en moque. Dans le Missouri, chez les ricains, on va jusqu'au bout.
Pendant 1h55 les représailles vont pleuvoir de part et d'autre. Un condensé d'Amérique qui brosse un tableau au vitriol de ce qu'elle a été et de ce qu'elle redevient: une nation raciste à la gâchette facile, un eldorado de douleur ou règnent les médias, la Constitution et l'alcool. Le rapport à autrui est brisé et la reconstruction s'annonce impossible ou presque. L'Amérique du Donald.
Que dire à part que tout est parfait? Scénario dantesque, dialogues ciselés à la perfection, musique splendide, acteurs grandioses. Sam Rockwell, Woody Harrelson, Frances McNormand... Tour à tour, ils sont minables, magnifiques, grands et petits... Difficile de les aimer, impossible de les détester. Martin McDonagh nous livrent des êtres attachants qui ne cessent de nous surprendre, de nous émouvoir et surtout de nous faire rire. L'humour. Un humour digne du meilleur des Frères Cohen, noir et absurde. Rien ne nous étonne, tout détonne. Le réalisateur jongle avec les convenances et ne laisse jamais le spectateur tranquille, l'incitant à penser, à rire ou à s'émouvoir devant de magnifiques plans serrés montrant Frances Mcnormand assise, seule, le regard au loin. De l'exigence du propos. On ira jusqu'au bout, on poussera les portes du chaos quitte à s'associer avec le diable. Est-ce qu'il y a encore de l'espoir dans ces contrées? Peut-être... La fin qui nous est offerte est aussi un puissant message sur le pardon.
L'Oscar du meilleur film? J'endosse la responsabilité. Three Billboards est une conjugaison novatrice, audacieuse, presque déjà un classique. Un grand moment de cinéma sous couvert de châtiments.
Pronostics:
. Meilleur film
. Meilleur réalisateur
. Meilleure actrice
. Meilleur acteur dans un second rôle
. Meilleur scénario original
. Meilleure musique