"Un chef d'oeuvre révolutionnaire" titre l'affiche de ce 3 billboards. Cette citation est somme toute à l'image du film lui-même : ça paraît un peu gros mais après tout, pourquoi pas ?
Ce qui pulvérise dans ce métrage de McDonagh c'est la précision incroyable qui nous prend par le col et nous force à mettre le nez là où on n'avait pas envie.
A chaque scène le film évite soigneusement, mais avec fougue, le politiquement correct à deux ronds. Le réalisateur force le trait avec subtilité (et oui c'est possible !), on n'est jamais dans l'absurde, mais jamais dans le réaliste. Il joue avec brio dans le registre d'une sorte de parodie cynique, si bien que chaque action/réaction des personnages, même si elle paraît exagérée, n'est en fait tout simplement ce que nous aimerions faire, ou voir faire par un personnage.
En voyant ce film j'ai eu l'impression qu'en l'écrivant McDonagh s'est dit "et maintenant, qu'est-ce que j'aimerais qu'il/elle fasse ?" et non pas "quel serait le plus logique ?" ou "qu'est-ce que le public/producteur attend ?".
Et cela rend un film brillant, original et profond. En effet, il touche, même parfois de façon minimaliste, à un foisonnement de sujets que seul un second visionnage pourrait mettre en lumière. Le deuil, la maladie, la vengeance, le racisme, la violence policière, la solitude, la différence, la maternité... Tout cela dans un shaker de cynisme assumé servi par un casting 5 étoiles du premier au quatrième rôle. Avec un tiercé gagnant McDomand, Rockwell, Harrelson, qui n'ont plus rien à prouver.
C'est donc une grosse claque que nous offre le réalisateur de 7 psychopathes et Bons baisers de Bruges, qui nous avait jusqu'ici offert du timbré rigolo mais qui touche là une véritable réussite cinématographique.
Je suis bien souvent la dernière à traiter un film de culte, mais j'ai dans l'idée qu'on en reparlera dans 20 ans de cette histoire de panneaux...