3 billboards est d'évidence un excellent film qui a su mêler de façon très intelligente drame et comédie. Et il s'agit bien ici d'entrelacer complètement les deux et non de faire passer le film par des phases comiques et d'autres dramatiques. On se retrouve avec des traits d'humours marqués ou de pures punchlines en pleine scène dramatique, glauque ou malaisante mais l'équilibre fonctionne tout de même. Une belle prouesse d'écriture du scénario et des dialogues, qui évoluent souvent sur une ligne de crête assez subjective entre les 2 genres, loin d'être évidente à gérer.
Pour ce qui est du scénario (no spoil) il s'agit avant tout de suivre des personnages complexes, absolument pas manichéens, d'apprendre à les découvrir et de voir leur évolution au fil des évènements. Si le lieu choisi et certains traits des personnages donnent un sens assez politique à l'oeuvre, il ne s'agit pas pour moi du propos central. Les acteurs sont vraiment tous topissimes dans leurs rôles (à l'exception peut-être du fils qui paraît par moment un peu extérieur à tout ça, pas hyper concerné), la réalisation et surtout la mise en scène sont excellentes, les musiques super.
Mais il y a tout de même deux petits bémols qui empêche pour moi ce film d'atteindre les niveaux ultimes.
D'une part au niveau de l'implication émotionnelle, le film a paradoxalement complètement réussi à me faire "aimer" chacun des personnages et me prendre d'affection pour eux malgré leurs défauts respectifs, mais pas à me placer dans une situation d'empathie réelle. Je suis resté finalement avec un regard d'observateur, sans avoir l'impression de vivre ce qui se passait avec eux. Du coup l'intensité dramatique en a quelque peu été amoindrie.
Le second (petit) bémol porte sur quelques facilités dans le déroulé de l'intrigue. Elles ne sont pas très gênantes car le sujet essentiel du film est la chronique des personnages et non pas "l'enquête" mais on peut tout de même considérer que c'est un point faible.
Par exemple le fait que Mildred ne soit pas inquiétée pour l'incendie du commissariat alors que de toute évidence elle devrait être accusée ou encore le retournement complet de personnalité de Dixon qui est un peu trop rapide et pas suffisamment amené à mon goût. Je pense que le film aurait gagner à s'allonger d'une vingtaine de minutes pour permettre de mieux gérer ces transitions.
En revanche j'ai beaucoup apprécié le choix de cut final, d'arrêter l'histoire à cet instant là, sans savoir où la route les mènerait réellement.
Il n'en demeure pas moins que 3 billboards est un très bon film, qui mérite vraiment d'être découvert dans les meilleures conditions possibles.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films de 2018 que j'ai vu et Les meilleurs films de 2018
Créée
le 22 janv. 2018
Critique lue 291 fois
1 j'aime
D'autres avis sur 3 Billboards - Les Panneaux de la vengeance
L’expérience est intéressante : à la fin du visionnage d’une saison de série, tenter de recomposer les fils narratifs et d’appréhender le récit dans sa totalité. C’est le moment où l’on confronte...
le 1 févr. 2018
109 j'aime
16
3 Billboards : Les Panneaux de la vengeance, troisième long-métrage du réalisateur britannique Martin McDonagh, est à bien des égards, Le film qui lance l’année 2018. Humour noir, langage de...
le 24 janv. 2018
100 j'aime
18
Martin McDonagh fait un peu partie de cette nouvelle génération de réalisateurs auquel on ne fait gaffe que quand il sort un coup d'éclat ayant fait beaucoup de bruits. Et avec les prix qu'à reçu...
Par
le 18 janv. 2018
69 j'aime
8
Du même critique
3 billboards est d'évidence un excellent film qui a su mêler de façon très intelligente drame et comédie. Et il s'agit bien ici d'entrelacer complètement les deux et non de faire passer le film par...
Par
le 22 janv. 2018
1 j'aime
Le synopsis est trompeur. Je m'attendais à un film sur Leeds, il s'agit en fait d'un pur biopic d'un entraineur atypique, peu connu de ce côté de la Manche : Brian Clough. Une sorte de Mourinho avant...
Par
le 30 déc. 2020
Il est difficile de parler d'un tel film tant il s'agit avant tout de quelque chose qui se ressent. On est ici clairement dans le cinéma expérimental, dont l'appréciation ne peut être que 100%...
Par
le 23 janv. 2018
