Martin McDonagh est encore un réalisateur en herbe, mais parfois le génie surgit là où on ne l’attend pas. 3 Billboards est un film presque irréprochable, tant il est bon à tous les niveaux.
Tantôt drôle, tantôt triste, tantôt haletant, 3 Billboards mélange les genres tout en restant captivant. Il sait être intense dans les actes comme dans la symbolique, ce qui en fait un film à la fois tout public et profondément brillant.
Pourvu d'acteurs excellents (Woody Harrelson qui obtiendra un petit Oscar, Frances McDormand qui recevra un Oscar encore plus important, et Sam Rockwell, à ne pas négliger), 3 Billboards a pour grande qualité de nous faire comprendre et apprécier chacun de ses personnages. Tous sont très intéressants et humains, jamais blancs ou noirs, mais toujours en demi-teinte.
L'écriture participe également au charisme des acteurs, qui nous servent des dialogues aux petits ognons, parfois profondément touchants, souvent fournis en punchlines, et généralement bien construits ; je pense par exemple au dialogue entre Frances McDormand et Brendan Sexton III, qui laisse planer le doute quant à l'identité véritable du jeune homme.
Les trois lettres du shérif, qui répondent aux trois panneaux de la vengeance, sont extrêmement touchantes, toutes autant qu'elles sont. Le film a même réussi à me tirer une larme, alors que je ne m'y attendais pas.
Riche en rebondissements, 3 Billboards s'avère être presque autant un film à suspense qu'un drame. Un évènement important, au milieu du film, provoquera une réaction en chaîne où chacun répond à la haine de l'autre, par un acte d'une violence toujours supérieure. On nous offre quelques scènes magnifiquement affreuses, comme ce long plan-séquence de défenestration, à la fois brutal et réaliste.
Heureusement les personnages sont amenés à évoluer, à se remettre en question. Et le film questionne alors sur les résultantes de la violence et de la vengeance, une thématique que je retrouve dans beaucoup de ce que je considère comme des chefs d’œuvre (American History X, Les Misérables...)
La fin ne laisse aucun doute quant à la morale. J'adore quand un film est lisible grâce à des symboles discrets mais visibles : le tout petit redressement du cadre place nos deux protagonistes dans le droit chemin, sous-entendant qu'ils mettent fin aux drames induits par la réaction en chaîne qu'a provoqué cette haine persistante.
Excellente mise en scène, beaucoup de suspense, personnages séduisants aux dialogues étoffés ; il ne manque rien à 3 Billboards. A part le personnage du nouveau shérif que j'aurais aimé voir un peu plus, difficile de faire des reproches à ce film parachevé, sans bavures.