Des incendies de la mémoire aux lambeaux écarlates du deuil et de la culpabilité, McDonagh ouvre les tumeurs à vif de l’Amérique profonde. C'est un drame humain, une histoire de culpabilité et de deuil non résolu d’une mère qui part en guerre contre une police locale engluée dans l’immobilisme, voire incompétente et conservatrice ; les « tumeurs » auxquelles je fais allusion sont à la fois à un détail important dans le film (que je ne veux pas spolier) et à ces cancers que sont le racisme, l'homophobie…Un drame qui montre la faiblesse des hommes et des femmes , aux prises avec tout cela et leur humanité dans ce qu’ils peuvent parfois avoir de pire. L’humour noir, vient émailler ce drame de façon assez subtile. Un film fort bien écrit et m is en scène ; quant aux personnages, je veux dire aux acteurs, ils sont tous excellents , ; bref , un film aussi émouvant que percutant, cruel mais sans cynisme malgré les apparences ! Ce film aborde autant la question du deuil que celle de la culpabilité ; il a suscité une discussion professionnelle intéressante car je l’ai évoqué comme illustration du sentiment de culpabilité présent dans tout travail de deuil. Et dans ce contexte, plus le deuil est mal fait, plus le sentiment de culpabilité est enfoui, difficile à reconnaître… alors qu’il peut avoir une action mortifère … Ce deuil très particulier n’est pas seulement fait de peine et chagrin, il est une blessure mentale fait de colère et culpabilité, sentiments très déstabilisants qui ici , excèdent la capacité de cette femme à contrôler ce qui lui arrive…La « responsabilité » des mots tend ici à se confondre avec la « « culpabilité des actes ».
Toute relation affective même la plus chère, la plus aimante surtout quand elle est forte et exclusive est infiltrée d’ambivalence, mélange d’amour et d’hostilité à des degrés divers, qui reste inconsciente. Cela fait le germe de la culpabilité.