Plus une nouvelle adaptation du roman d'Elmore Leonard qu'un remake du film éponyme de 1957, 3h10 pour Yuma est tout simplement ce qui manquait aux années 2000 : un western d'envergure, sombre et épique. Sans fioriture, sans pitié, le long-métrage est constamment poussiéreux, agréablement sanglant et surtout dénué de clichés, les personnages étant suffisamment travaillés pour ne jamais tomber dans la caricature.
Cette seconde adaptation nous entraine dans l'Ouest sauvage, le vrai, celui avec des hors-la-loi impitoyables et des héros qui n'en sont pas vraiment. Le héros ici, c'est Christian Bale (comme à son habitude parfait), un simple fermier qui a tout donné pour son pays lors de la Guerre de Sécession, même sa jambe. Et lorsque sa paisible vie de famille est menacée d'expulsion par de méchants créanciers, il va se jeter corps et âme dans une mission suicidaire afin d'escorter l'un des plus dangereux criminels du pays (Russell Crowe, bien loin de son personnage dans Mort ou vif) et d'empêcher une belle récompense qui lui permettra de payer ses dettes et mettre sa famille au frais. Mais comme dans tout bon western, rien ne va se passer comme prévu...
C'est le début d'une aventure épique dans le désert sauvage où la confrontation entre les deux hommes va se faire progressivement, aussi physiquement que verbalement. Ce duel psychologique intense est brillamment mis en scène par le touche-à-tout James Mangold qui s'attaque à son premier western. Ses personnages sont donc travaillés, que ce soit nos deux rivaux principaux, le fils de l'un d'eux (Logan Lerman, une révélation), un shérif faiblard (Peter Fonda, habitué aux westerns) ou encore le sbire du renégat improvisé chef de meute campé par le toujours aussi surprenant Ben Foster.
Outre son interprétation sans faille, nous faisons face à de magnifiques décors, une musique enivrante, des courses-poursuites dantesques et autres affrontements intenses. 3h10 pour Yuma est donc une pleine réussite aux nombreuses scènes d'action (la fusillade finale dans les murs de la ville est d'une puissance totale), aux dialogues réfléchis et à l'émotion perdurable, en faisant un long-métrage revigorant pour le genre. Ainsi, avec Open Range, Les Disparues et L'Assassinat de Jesse James, le western des années 2000 a su renouveler avec brio et ce 3h10 pour Yuma en est la nouvelle preuve, le film de Mangold étant une brillante réussite à ne pas louper.