40 ans, toujours puceau par Alligator
C'est une agréable surprise pour moi. Je m'attendais à voir un mauvais film à l'American Pie, gras, charriant son lot de gags trouducutoires, sans plus et finalement j'ai découvert un film sympathique, avec un personnage central attachant. Derrière la vulgarité de certains personnages, se cachent de jolis numéros d'acteurs comiques, une certaine sensibilité, une sorte de souffrance non négligeable. Il me semblait qu'avec ce sujet, on allait avoir droit à un regard méchant sur ce pauvre type. Au contraire, il bénéficie d'un traitement plein de tendresse. Il est vrai que la performance de Steve Carell y est pour 90%. Il m'a littéralement enthousiasmé. Et le parallèle avec Peter Sellers n'est pas dénué de sens, peut-être tout au plus un chouïa démesuré mais pas insensé loin de là. Il apporte ce qu'il faut de justesse et de simplicité dans son jeu. Un équilibre bien précaire avec un personnage pareil. Son interprétation est louable.
Je n'ai pas non plus été dérangé par la morale pro-abstinence qui ne me semble pas aussi sous-jacente qu'on veut bien le dire. Et pourtant je suis plutôt récalcitrant à ce type de discours et de pensée rabougris. Non, il me semble que le sujet est tout autre : l'inadaptation, le malaise social qu'engendre une absence totale de sexualité chez un individu dans une société plus libérée, et donc l'investissement douloureux que cela peut engendrer chez les handicapés du sentiment ou/et de la stouquette. L'individualisme de nos sociétés et l'isolement qui en découle risquent fort de créer encore plus de ces éclopés. Le thème du film est loin d'être anecdotique et je l'ai trouvé particulièrement et sagement traité, avec l'humour nécessaire pour dédramatiser et la délicatesse pour ne pas dénigrer. Une juste balance.
Quant au numéro final avec Aquarius, il a fini d'emporter mon adhésion.