420 le film est un embrouillamini. Deux ans après un financement participatif réussi, le vidéaste amateur Pianitza tente en vain d’insuffler la vie à un scénario artificiellement complexe dans un format vidéo d’une heure et demie.
Pianitza transpire ici l’ambition de développer son lore 420. L’essai n’est malheureusement pas transformé. L’exécution cinématographique est faite avec la grâce et la subtilité d’un tabanard à la troisième mi-temps. Le spectateur subit demie-cassure du 4ème mur, pseudo-meta, monologues interminables, expositions orales poussives aussi connues comme symptôme de paresse de réalisation.
Oui, l’adulescent mégalomane a sûrement travaillé “dur” sur les effets de montages. Il livre même deux ou trois scènes plutôt sympathiques reprenant les codes du jeux vidéo. Hélas, ce faible assaisonnement ne suffit pas à rendre la soupe savoureuse et digeste. Pianitza est un débutant qui ne connaît pas encore les concepts de “travailler intelligemment, pas inutilement dur” et le principe de Pareto. Peut-être une becquée forcée d’ici quelques mois lors d’une reconversion professionnelle inévitable ?
Les miettes agréables et originales sont aspirées par les tirades qui vous rappelleront la pièce de théâtre de Noël jouée par la classe de CM2 de votre nièce Magalie.
(Dieu merci l’acteur qui joue Dionysos dans le film n’y est pas et Pianitza absent de la direction)
Les expositions orales, elles, vous servent cuillère en bouche un coup l’action filmée, un autre d'interminables minutes d’explication pure du lore.
La logorrhée offerte par Jamie Lie (meilleure actrice du film nonobstant) à la fin du film est, au mieux, une ode aux révélations du plan des méchants en fin d’épisode de Scooby-Doo. NB: Je soupçonne également que le maquillage de Wax vieux est un hommage à Christopher Lambert dans Highlander 2.
Pianitza arrive à faire opérer la magie d'une certaine façon. Le film est une expérience pragmatique de la relativité du temps où les 90 minutes sont ressenties en 420 par le spectateur otage de l'ennui.
Rencontrer autant d’écueils scénaristiques et de mises en scene élémentaires me fait me questionner sur son amour du cinéma et de ses réalisateurs fétiches.
Film vu, le constat est indiscutable : Pianitza n’a pas encore les épaules pour dépasser le format des vidéos courtes “MLG” au pire, des chroniques au mieux. A choisir un nouveau format, on lui conseillerait de se tourner vers le jeux vidéo dont il semble très inspiré. On ne déroule pas un film comme un jeux vidéo. Il est pourtant passé à côté de cette fondation. Cocasse venant de celui qui critiquait les chroniques Crossed de Karim Debbache pourtant trop simplistes à ses yeux.
L’excuse du budget modeste sera surement invoquée. Fausse piste, la plupart des travers du film ne se résolvent pas à coups d’euros mais maîtrise, idées et talent. Quand bien même, il aurait pu, par exemple, supprimer les quelques plans de drone accessoires et économiser 1 000 euros plus utiles à l’image globale et au son (prise, mixage, éclairage et colorimétrie laissent à désirer).
L’argent, toujours l’argent pour Pianitza l’intéressé. Nombreux producteurs Ulule et précommandeurs Utip n’oublieront pas avoir eu accès au film après les récents membres payants de sa chaîne YouTube. Recherche d’un modeste profit court terme taxé à plus de 30% par “Gugle” (première ironie) au dos de ceux qui lui ont permis de réaliser ce projet. Seconde ironie, des membres payants sont à l’origine des deux premières fuites du film. Un beau coup d’estoc dans sa communauté, pourtant déjà bien amoindrie depuis le projet Ulule de 2018. En 2021, on imagine mal comment il pourrait fédérer et faire financer la moitié des 12 000 euros obtenus à l’époque. Nous sommes probablement partis pour une nouvelle saison de déprime de notre candide rêveur de carrière aux Etats-Unis. Souhaitons lui de se réveiller.