*Pianitza est un vidéaste Français qui a financé son film grâce à Ulule, en 2018 à hauteur de 12k euros, si cette somme semble énorme de prime abord, il faut en réalité voir ce montant comme infime, comparé à des blockbusters, ou même de modestes films Français aux publics confidents, il faut aussi préciser que le réalisateur à porter ce projet à bouts de bras s'aidant de son entourage pour les quelques acteurs, et d'artistes musiciens très doués et peu connus du grand public, comme Nozanthrope, et de dessinateurs - pochettes et posters - à la patte unique tel que Blouk pour ne pas les nommer.
Le réalisateur/acteur et vidéaste est connu pour son persiflage et son regard cynique sur la société ainsi que de ses critiques acerbes sur ses contemporains "youtubeurs" dont il n'hésite pas à les harpailler -à raison ou à tord- dans des vidéos imprégnées de l'esprit "420" un univers crée par Pianitza.
Ses vidéos lui feront connaître des déboires avec les concernés, et lui attirera les foudres et le harcèlement de certains apparatchiks , qui lui tiennent, encore aujourd'hui une rancœur déraisonnable et effrénée.*
Après avoir décris qui était le réalisateur, il convient de s'attaquer au film.
Le dit film se centre sur le personnage de "Wax" android à la solde de la "gugle", grande entreprise de régulation des mœurs et comportements sociaux.
À travers ses agissements et son regard, la réalisation nous propose une critique implicite du conformisme social, du néo-capitalisme et de l'ultra domination des GAFAMS qui s'inscrivent dans un transhumanisme prochain inarrêtable, tout ceci sans "moraline" et lourdeurs , l'auteur propose une lecture, mais n'y oblige pas, ce qui est confortable dans le sens où l'objet visuel ne sers pas de prétexte à nous inculquer une vision des choses, ou nous donner des leçons de morales si présent à notre époque.
Pianitza a eu l'audace, et la grande ambition de mélanger deux genres, que sont le cartoon et le jeux-vidéo pour les incorporer dans un film, le réalisateur énonce que n'importe quel quidam, non initié à son univers pourra sans craintes d'être largué, voir et comprendre le film dans son intégralité, il fait donc une concession sur l'univers, rendant le tout plus "accessible" , ce dernier point semble pourtant ne pas avoir été respecté.
Première surprise, les "noélistes" personnages hauts en couleurs caractérisés par leurs gouailles, sont délaissés, tout du moins le sont par rapport à l'impact qu'ils pouvaient laisser sur le film.
Mais il ne s'agit pas seulement que de leurs cas. En effet, les principaux personnages manquent de profondeur, ou l'on n'arrive pas à ressentir cette dite profondeur, il faut prendre connaissance de la mythologie 420 pour en cerner tout leurs arômes, le problème étant que même si il n'est pas obligatoire dans un film de dévoiler toutes les psychologies et tout les aspects d'un personnage -dans le but de dégager du temps et d'optimiser le rendu - il convient tout de même de faire ressentir au spectateur la réelle teneur d'un personnage qui représente son univers, ce qui n'a pas, ou plutôt pas assez été fait, en particulier pour Wax, personnage pourtant central de ce film.
Un noéliste fait une apparition dans le but premier de casser la 4ème mur, puis se fait tuer par "Jean-Marc Odini" , pour terminer l'un d'entre-eux se fait manipuler par Pandora en servant de simple garde du corps. C'est bien loin de ce que l'on aurait pu imaginer du potentiel qu'aurait pu avoir les Noélistes, dissidents fervents opposants à la "Gugle" , il s'agissait pourtant d'une occasion de valoriser "l'ennemi", la "Gugle" en lui offrant un ennemi digne de ce nom, avoir un anti-héros fort, c'est avoir un antagoniste fort, c'est donc donner une dimension plus "épaisse" au film.
Le personnage de Wax, personnage truculent aux gimmick farfelues est très bien interprété par Pianitza - il est acteur pour la majorité de ses personnages, ce qui rend forcément plus difficile à les distinguer, pourtant il réussi à faire non pas du Pianitza, mais du Wax, personnage dont il est bien le seul à pouvoir interprété - à un moment du film, son côté android mélancolique ressors, et cela m'a un peu fait penser à un personnage de David Cage, dans l'univers de "Detroit become human" , cependant la profondeur des émotions et du ressenti que l'on commençait à percevoir de l'android vient vite s'arrêter par un effet comique maladroit.
La caméra se centre sur Wax, après que TzaTza "détruise" la "Gugle" - d'ailleurs montré par une animations des plus percutantes, on sent là que Pianitza est très aguerris dans l'art du montage - Quand celui-ci commence à danser, et se faire stopper par "Josianne" personnage fictif de prolétaire indolent et conformiste..
L'effet comique peut avoir place même dans un film tragique, cependant si le moins bon moment de cette exécution pouvait être tenu il s'agirait très certainement de celui où l'on saisit la vacuité de l'existence de Wax, le personnage principal avait l'occasion d'être développé psychologiquement à cet instant, confronté à un monde qu'il ne pouvait plus comprendre, il y' avait je pense quelques moyens de nous faire ressentir sa détresse.
Les deux rôles les plus prépondérants du film sont donc sous exploités, le lore n'est donc pas assez porté par les personnages, là où pour un film amateur, il s'agit du meilleur atout -puisque forcément limité par le budget -
Le dynamisme s'en retrouve grandi, mais pour au final que le film perde en texture, en profondeur. Les scènes ont l'air d'être "déconnectés" les unes des autres, après avoir vu une scène, on l'a encore en tête, et le temps de réfléchir à la complexité du scénario, l'on est vite happé par la scène suivante qui paraît très éloigné de la précédente, et qui rajoute en complexité.
Une impression de château de cartes qui se façonne dans une scène, mais qui s'écroule à la scène suivante, il s'agit peut-être d'un sentiment personnel, étant donné que j'aime les narrations posées.
Peut-être qu'une transition à la "star wars" , voir à la "malcolm" - un effet bulles style "BD" ? - entre les scènes auraient moins provoqué chez moi ce sentiment d'inconfort.
Pianitza à voulu sans doute, satisfaire tout les publics, les initiés comme les nouveaux venus, hélas la complexité de son propre lore, n'est pas restituable en 1h30, il en faudrait au moins le double, ce qui a pour finalité que le premier public reste sur sa faim et en veut plus, alors que le second ne sera pas assez impregné de l'univers et deviendra vite hermétique à la réalisation très particulière de "420".
Les personnages jouent de manières trop ampoulés, ils ont trop d'emphases - la "musicalité" "youtubesque" s'entend à travers la voix des acteurs, même si elle est plus faible que chez leurs confrères youtubeurs se pensant "acteurs" - mais c'est le constitutif du cartoon, chose qui pour moi est très difficilement miscible avec le format du film à cause du décalage entre la "réalité" du film et l'exagération, les caricatures des gestuelles et des émotions du genre cartoon/manga, d'où le ton "amateur" perçu du jeu d'acteur, acteurs qui sont , - incomparable à un acteur de l'académie Française bien sûr - au dessus de la majorité des acteurs du format de vidéos standards sur le net, comme "noob" par exemple, parce que oui, chose à préciser, "420" reste bien au dessus des "films" de "réalisateurs" youtubeurs. Ma critique est fondée sur la notion de film, en ce sens je compare son œuvre à des entités similaires dans le lieu cinématographique.
Malgré tout ces défauts, et les maladresses - et on le pardonnera pour un premier film, encore plus en tant qu'amateur - "420" à une ambiance à lui seul, les animations à la sauce "jeux-vidéos" sont juste exceptionnellement bons , encore plus quand on l'on sait que cela vient de la part d'une seule personne,
Les scènes en 2d où le char kikoo carlin poursuis Wax et un noéliste par exemple, et même, le court passage animé de "swag-eagle" qui est très bien amené aussi, la musique - j'y viens - s'associe bien, et certes cela ne casse pas trois pattes à un canard - calembour au tambour - mais l'effet est très sympathique, et positivement surprenant, on ne s'attend pas à voir swag-eagle d'être animé.
Il nous reste la bande sonore à étudiée, sans surprise - connaissant les goûts musicaux du réalisateurs, étant fan de jeux-vidéo et d'électro - l'OST est excellente, elle s'accorde parfaitement avec l'ambiance du film , le sublimant, il manque peut-être quelques passages "à vide" , comme un manège montagne russe, on aime passer de la base d'une courbe en cloche jusqu'à sa hauteur, pour mieux tomber par la suite, j'aurais apprécié, juste un peu plus de ces sons mélancoliques - la piste de LUM IN ESSENCE "Chateau d'O" est un exemple intéressant pour ce point - accordé à certains passage du film.
Le passage que j'ai cité plus haut concernant la psychologie de Wax.
, mais il s'agit d'un sentiment personnel. Pour information les musiciens se comptent au nombre de 6 ; Noizanthrope, Dakkagob, Midranger, Moonove, LUM IN ESSENCE et No Melodi et méritent que leurs noms soient cités.
Cette critique fut longue à écrire, mais clairement pas assez pour définir le réalisateur, et encore moins son univers, Pianitza à tenter l'insurmontable, de concilier deux genres très différents dans un petit budget, à passé près de 2 ans, jours pour jours, à penser, re-penser, analyser, re-analyser, tourner, re-tourner, voir, re-revoir, dans l'optique de concevoir le meilleur film de 2019 fait en 2020, hélas , l'objectif me semble compromis, mais comment peut-on lui en vouloir ?
Les perspectives protéiformes de ce film dans d'autres format me paraissent bien plus "hypantes" surtout en jeux-vidéo et en BD où l'univers aura tout l'espace, et les moyens de se libérer.
La vérité est à travers l’œil de celui qui regarde, en ce sens, il est préférable de voir les choses sous son propre regard, c'est pourquoi, je vous invite, lecteur à oser le pas et d'aller voir ce film, qui a son pareil nul part ailleurs, vous soutiendrais en prime, un réalisateur Français, situé en pleine Bretagne, et recevrais les embruns de parfums oniriques d'un produit perfectible, mais fait avant tout fait avec le cœur, tel le beau produit du terroir qu'il est.