Comme tout le monde le sait, la France et le baseball ne font pas bon ménage. Sport peu connu de nos contrées (sérieusement, vous connaissez bien les règles ?), il engendra une multitude de films pour la plupart inédits chez nous ou sortant directement en vidéo. En ce qui concerne 42, le film relate le parcours de Jackie Robinson, premier joueur de baseball afro-américain à avoir évolué en Ligue Majeure. Et si un biopic a déjà été réalisé en 1950 avec Robinson himself dans son propre rôle, le film du revenant Brian Helgeland va mettre les bouchées doubles...
Le réalisateur-scénariste (qui n'était pas revenu derrière la caméra depuis Le Purificateur) s'intéresse donc aux débuts du joueur afro-américain, de son entrée aux Royals de Montréal grâce à l'œil persan du manager Branch Rickey à son parcours houleux avec les fans du baseball qui n'acceptent alors pas qu'un joueur noir puisse intégrer une équipe blanche. Nous sommes à la fin des années 40.
Faisant face à des adversaires belliqueux, aussi bien dans les équipes adverses que dans la sienne, Robinson va se battre jusqu'au bout pour continuer à jouer parmi les prestigieux Dodgers de Brooklyn, constamment épaulé par le bienveillant Rickey (étonnant Harrison Ford), le journaliste sportif Wendell Smith (Andre Holland), sa femme Rachel (Nicole Beharie, vue dans Shame) et petit à petit certains joueurs plus ouverts d'esprit. Biopic aux thèmes classiques, 42 n'en est pas moins une brillante réussite tenant surtout de la mise en scène envolée de Helgeland, empruntant finalement beaucoup au style de Steven Spielberg.
Malheureusement, si le scénario nous fait vivre l'aventure sans voir le temps passer, on pourra regretter un choix d'acteurs peu reluisant. Non pas que la palette soit indigeste, mais on aurait préféré d'autres figures pour incarner avec plus de justesse de tels personnages historiques (le rookie Chadwick Boseman reste très convaincant mais on a vu mieux en tête d'affiche). Ainsi, 42 est un biopic intéressant et surtout plaisant qui nous fait retracer le parcours atypique et touchant d'un homme désemparé à une époque haineuse du monde du sport.