Ceux qui vont mourir te saluent.
C'est qu'il aura mis du temps à nous parvenir, le premier film de Carl Rinsch ! Il faut dire aussi que le film sera passé par de nombreux stades, voyant sa sortie sans cesse repoussée afin de repenser le projet, d'ajouter à la légendaire histoire des 47 ronins une bonne pincée de fantasy n'ayant rien à foutre là et de convertir le tout en 3D.
Précédé d'une réputation calamiteuse de soupe indigeste et boursouflée, "47 ronin" est pourtant loin d'être aussi lamentable. Attention, le film est clairement moyen et soufre évidemment de voir son concept de base dénaturé par ses aspects fantaisistes. Mais de là à crier sur tous les toits que c'est une merde, il ne faut peut-être pas exagérer.
Condensant un sujet pourtant épique en deux petites heures réglementaires, "47 ronin" part déjà d'un mauvais pied, se voyant dans l'obligation d'expédier ses séquences les plus importantes, traînant sans cesse la patte et ne démarrant réellement qu'au bout de trois bons quarts d'heure, occasionnant un rythme en dent de scie.
Pensé pour le grand public occidental, le film est donc horriblement propre, dénué de la moindre effusion de sang (tout juste aura-t-on droit à une tête brandit), lisse et bien évidemment tourné dans la langue de Shakespeare alors que 99 % du casting est d'origine orientale (oui, c'est toi Keanu, le 1 %).
N'espérez pas non plus d'émotion à fleur de peau ou une caractérisation pertinente des nombreux protagonistes de l'histoire, chacun étant purement fonctionnel, ce qui transforme un casting séduisant sur le papier en beau pétard mouillé, allant d'un Keanu Reeves absent à une Rinko Kikuchi à baffer tellement elle est mauvaise (et pourtant je l'aime bien).
Pourquoi tant d'indulgence alors ? Tout simplement parce que "47 ronin" fait le boulot, offrant un spectacle à l'ancienne (dans ses meilleurs moments) correct et carré, finalement cohérent dans sa démarche hybride et tirant le meilleur de ses somptueux costumes et décors, refusant même tout happy end dans un final étonnamment jusqu'auboutiste.
Loin d'être la bouillie numérique annoncée, "47 ronin" est certes un film anecdotique, manichéen, bancal et n'ayant plus rien à voir avec l'histoire d'origine, souffrant de CGI pas toujours au top (mais pas affreux non plus), mais reste suffisamment divertissant et soigné pour mériter au moins un petit coup d'oeil.