Malgré une enfance en idolâtrie devant Eddie Murphy, j'ai réussi le drôle d'exploit de n'avoir jamais vu 48 heures. Erreur rattrapée donc, avec la découverte sur le tard de ce classique du buddy movie signé Walter Hill. La localisation de l'intrigue à San Francisco apporte un petit vent d'originalité toutefois vite rattrapé par des ambiances nocturnes interlopes qui n'auraient pas juré à New-York. Le film est de fait un condensé archétypal du genre, avec le flic chien fou qui ne remplira jamais une paperasse officielle (la seule qu'il produit est un faux !) malgré les cadavres qui s'accumulent autour de lui, l'acolyte noir blagueur, le commissariat et son ambiance bordélique sans nom, les méchants tueurs de flics qui suintent la truanderie, etc.
Ces marqueurs typiques peuvent parfois donner le sentiment de regarder Last Action Héro, ce qui est grandement aidé par la présence à l'écran de Franck McRae en commissaire gueulard et injurieux. Le casting est d'ailleurs une petite joie 80's avec Brion James (Blade Runner mais aussi un paquet de séries B), Jonathan Banks (Le Flic de Beverly Hills et plus tard Breakin Bad), David Patrick Kelly (éternel Sully "je t'aime bien, c'est pour ça que je te tuerai le dernier" de Commando - la musique de 48 heures a qui plus est des sonorités que James Horner recalera dans le Schwarzy), Sonny Landham (Predator), et j'en oublie surement. En tête de gondole, Nick Nolte incarne bien les gros bourrins et Eddy Murphy, dans son 1er rôle au cinéma, commence déjà à développer son personnage de gouailleur qui fera sa gloire. La scène dans le bar sudiste est ainsi un one Murphy show très réussi.
A ce sujet, il est fascinant de constater à quel point Med Hondo a réussi à donner à Murphy une voix française qui est carrément supérieure à sa voix naturelle. J'ai commencé à regarder le film en VF mais le RDV de tous les doubleurs d'époque m'a dérangé (Alain Dorval fait vraiment du gros Sly qui tâche pour Nick Nolte et l'arrivée d'Astérix m'a achevé), j'ai donc switché sur la VO ; y'a pas à dire, mais le timbre original presque aigrelet de Murphy envoie pas autant de steak que les mêmes saillies par Hondo (j'ai rematé certaines scènes en VF). Autre fait intéressant à relever : la traduction est beaucoup plus argotique que le texte original, avec plein d'expressions hyper-typées.
48 heures est donc une série B sympa, bien dans son jus d'époque. Le film a pour lui d'être assez âpre et rentre-dedans, ne cherchant pas à être un spectacle familial (la fixette du perso de Murphy sur son besoin de tirer sa crampe !) et il mérite encore d'être découvert par les retardataires comme moi.