Dans l'excellent "Almost famous", le personnage de Penny Lane interprété par Kate Hudson confiait au jeune héros que lorsqu'elle se sentait seule et déprimée, elle se rendait chez le disquaire du coin, n'y trouvant que des amis. C'est exactement ce qu'est pour moi le premier film de Marc Webb. Un ami qui me comprend et à qui je peux me confier, un remède miracle contre la morosité qui est la mienne un jour sur cinq, la formule magique qui me permet de retrouver le sourire.

Pourtant, "(500) jours ensemble" n'est pas à proprement parler un film léger et joyeux, et tendrait même vers l'inverse, sorte d'anti-comédie romantique débutant par la fin, parce que l'on ne nous montre jamais, la rupture. Une rupture douloureuse comme le commun des mortels en vit chaque jour, la fin d'une époque qui sera passée sans que l'on s'en aperçoive, ce moment tragique où l'alchimie a foutu le camp, où l'on ne perçoit plus l'amour dans le regard de l'autre. Débute alors le temps de la déprime, sourde et insidieuse, s'infiltrant dans notre être et notre coeur comme un ninja furtif et implacable.

Construit sous forme d'un long flashback destructuré, "(500) jours ensemble" épouse totalement le point de vue de son héros, interprété avec charme et naturel par un Joseph Gordon-Levitt parfait et attachant dans un rôle taillé pour lui, le genre de personnage humble mais touchant, auquel les hommes peuvent facilement s'identifier et qui fait, l'air de rien, craquer les demoiselles.

Face à lui, Zooey Deschannel, solaire et absolument magnifique, ne représente plus qu'un fantasme, un souvenir, une entité vouée à disparaître inéluctablement, perdant de sa consistance et de son aura quasi-divine au fur et à mesure que les illusions du héros disparaissent, laissant entrevoir les failles d'un couple voué à l'échec dès le début, mais qui aura constitué une étape déterminante dans la vie de ses deux êtres aussi complémentaires que radicalement différents.

Baignant dans une douce mélancolie quand il ne fait pas carrément mal aux tripes (la séquence du splitscreen, nous montrant à la fois les espérances du héros et la réalité bien moins positive, est à vous fendre le coeur), "(500) jours ensemble" sait heureusement être incroyablement drôle et aérien, ne plongeant jamais le spectateur dans la déprime mais lui offrant au contraire une porte de sortie, le berçant sur un nuage délicieusement pop se concluant de la plus belle des façons.

Grâce à la pertinence et à la justesse de sa radiographie du couple et de l'amour parfait, grâce à son romantisme mélancolique, grâce à sa bande son et à ses personnages névrosés, "(500) jours ensemble" est parvenu cette nuit au plus beau des exploits: me redonner la pêche. Encore merci.

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le 30 déc. 2013

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Gand-Alf

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