Assez rapidement après le succès immense du séminal Piège de Cristal, référence instantanée du film d'action, une suite est évidemment commandée. Ne parvenant pas à s'entendre avec John McTiernan, le producteur Joel Silver fait appel au jeune bourrin finlandais Renny Harlin qui a alors un podium inédit pour faire son auto-promo de nouveau caïd de l'actioner.
Visiblement fan de son prédécesseur et aussi conscient de l'amour du public pour les codes développés dans Piège de Cristal, 58 minutes pour vivre est un constant clin d’œil méta à son prédécesseur. John McLane se plaint de subir un scenario qui le fait (souvent inutilement) ramper dans des conduits d'aération ou errer dans des sous-sol techniques avec un certain panache (encore merci à Patrick Poivrey qui magnifie ces monologues de râleur à la perfection). C'est parfois poussé jusqu'à l'absurde comme quand Bruce Willis descend un bâtiment qui possède sans doute un escalier sans méchants dedans, avec une corde de draps, juste pour dire.
Renny Harlin vient laisser sa grasse papatte sur la franchise par l'intermédiaire de scènes d'actions à l'ambition spectaculaire mais à la réalisation cartoonesque et parfois grotesque qui nous sort de l'aspect crasseux et terrien du premier opus. Souvent pas si bien filmées que ça, les course-poursuites et fusillades ne transmettent pas le frisson espéré. Pour une sympathique baston sur tapis roulant, on a cette très laide poursuite en scooters des neiges.
Le scenario suit un peu la même voix, overdosé en grandiloquence, en retournement, et échouant à rendre palpitante la survie de plusieurs centaines de personnes. Il y a volonté un peu tuée dans l’œuf de critique en sous-texte de la technologie (finalement ça sert) et de la presse (y'en a des biens). Les méchants et side-kicks sont incroyablement moins charismatiques que Hans Grüber et Al Powell (qui est quand même rappelé... pour envoyer un fax). Franco Nero semble n'en avoir rien à faire, la meilleure scène de William Sadler est nue et muette et Dennis Franz est juste agaçant.
58 minutes pour vivre est à la fois un quasi hommage à son prédécesseur mais vient pousser les potards tape-à-l’œil avec un savoir-faire bien inférieur. Loin d'être déshonorante, notamment parce que les acteurs du film original y sont encore très bons, c'est une suite trop longue et gentiment outrancière qui justifie largement sa réputation de maillon faible de la trilogie Die Hard (si si, c'est une trilogie, je ne vois pas de quoi vous parlez).