//Petits spoilers\


Faire un film de sport est une tâche ardue, à laquelle se confronter nécessite de prendre des précautions. Ce serait mentir de ma part que de nier le plaisir que j’ai eu au visionnage de ce film. Au lendemain d’un Rolland Garros qui fut mémorable pour le triste exploit historique des Français en simple mais qui, à l’inverse, fut tout aussi mémorable pour le couronnement d’un double incarné par Herbert et Mahut, le choix de la sortie fut très astucieux. Tout bon fan de tennis ne pourrait se rendre en salle voir un film sur le tennis alors que se déroule la compétition de tennis évoquée. Vous suivez ? Alors bien sûr, cette compétition était encore fraiche dans ma tête. J’avais encore les images d’une finale incroyable mais tout aussi déroutante opposant un Tsitsipas malheureux à un Djokovic douteux (mais cela est un autre débat). N’en demeure que le contexte du visionnage a joué en grande partie sur ma subjectivité.


Pour la faire courte, le film traite d’une ancienne jeune promesse du tennis français mais qui n’a jamais su confirmer les attentes qu’il y avait en lui. Le choix du titre du film est évocateur, mais presque spoileur. Les 5 sets arrivent seulement au premier tour du tableau final. Bref, là n’est pas la question. Le 5ème set, au-delà même d’évoquer un moment décisif dans une partie, ici, évoque la fin de sa carrière. Saura-t-il mettre fin à ses démons qui l’ont vraisemblablement marqué au fer rouge ? Et saura-t-il tourner la page d’un échec qui le hante au quotidien ? Se défaire de cette ombre omniprésente saurait être salvateur que dans le cas où il parviendrait à en éclaircir la teneur. Cela étant dit, certaines choses furent réussies, d’autres moins.


D’emblée, j’ai trouvé que le film évoquait plutôt bien les dynamiques sportives en jeu dans ce que représente aujourd’hui le sport de haut niveau à niveau modeste (c’est là tout l’enjeux du film). Il pose à plat les problèmes financiers, les sponsors, la médiatisation, … mais c’est tout. Et c’est là à mon sens le défaut principal du film. Si l’on retire du film une crédibilité honnête, et c’est d’ailleurs ce qui en fait un film agréable à voir, il a manqué de profondeur dans la plupart des sujets qu’il a évoqués. Par exemple, j’aurais aimé que le scénario rentre davantage en profondeur dans la relation qui unie Ève à Thomas. Les deux ont des choses à nous raconter. Mais mise à part une dispute conduisant Ève à quitter le domicile familial pour une nuit, nous n’en sauront pas bien plus. Et c’est pareil sur les problèmes financiers. On en parle, on en discute, puis on les oublie. Le lendemain, Ève est de nouveau sur le cours pour l’encourager ? on ne sait pas trop. Elle est là, passive, presque impatiente de voir son mari échouer pour qu’elle devienne à nouveau celle qu’elle aurait aimé être à ses yeux : son âme-sœur et non son assistante.


Alors pour ce qui est de ce dernier point, malgré tout j’ai trouvé que c’était plutôt bien réalisé. On sent « l’atmosphère pesante » comme il le dit si bien entre les deux. Mais les quelques scènes qui parviennent à nous mettre au cœur du problème n’ont pas assez de consistance. J’ai été particulièrement interpellé par le non-intérêt du départ de Ève. A quoi sert-il ? Juste à nous dire « attention elle en a marre prépare-toi parce que là elle rigole moyen moyen ». Maintenant, cela est certainement dû à l’omniprésence des scènes de tennis, qui je dois le reconnaitre, était plutôt très bien réussies. Je me croyais devant mon ordinateur à devoir être pour l’un ou l’autre joueur. Mais justement, ces scènes-là, bien qu’essentielles dans ce qu’elles évoquent, ont un peu éclipsé le reste. Le temps qu’il aurait fallu en plus pour mieux développer les scènes de dispute, de hargne, de tension, aurait dû être tronqué sur les scènes de jeu. Ce qui aurait été dommageable.
C’est donc un avis en demi-teinte. J’ai trouvé le film très intéressant d’un point de vue sportif, car rares sont les films qui traitent aussi justement les dynamiques sportives. Aussi, on ne passe pas un mauvais moment au visionnage. Mais d’un autre côté je suis mitigé sur l’aspect purement scénaristique du film. Des vides se sont fait ressentir ce qui me laisse une légère amertume en bouche…


6,5/10

quent_bus
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films vus en 2021

Créée

le 20 juin 2021

Critique lue 724 fois

2 j'aime

quent_bus

Écrit par

Critique lue 724 fois

2

D'autres avis sur 5ème Set

5ème Set
Cinephile-doux
7

Une vie de revers

Le sport de prédilection d'Alex Lutz, c'est l'équitation et non le tennis. Même s'il s'est entraîné dur pour le tournage de 5ème set, son niveau reste encore très bas, selon ses propres dires...

le 29 mai 2021

30 j'aime

5ème Set
ServalReturns
7

Un sans-faute... à l'exception de sa conclusion.

Une très bonne surprise que ce 5ème Set ! N’y connaissant absolument rien en tennis, je suis allé voir ce film pour son acteur principal, Alex Lutz, dont le second film – Guy – m’avait bluffé il y a...

le 17 juin 2021

11 j'aime

6

5ème Set
Fatpooper
5

La victoire

Correct mais décevant. Le sujet a de quoi m'intéresser puisque je me sens un peu concerné. J'ai toujours voulu faire de la BD, j'ai toujours l'espoir d'en sortir et de trouver un public, mais les...

le 22 sept. 2021

10 j'aime

Du même critique

Dune
quent_bus
7

Le malheur d’une première fois à oublier

Le premier visionnage d’un film conditionne la façon dont vous allez apprécier son contenu. C’est indéniable. Et vous pourrez le revoir 20, 30, 40 fois, vous n’oublierez jamais la première fois que...

le 28 sept. 2021

4 j'aime

1

Le Dernier Duel
quent_bus
6

Critique de Le Dernier Duel par quent_bus

ATTENTION SPOILERS Il y a un problème dans ce film qui me parait, de prime abord, insoluble : comment a-t-on pu faire tenir en 2h33 un scénario qui en demande une heure de moins ? Si j’emploie la...

le 13 oct. 2021

3 j'aime

2

Joker
quent_bus
8

That's life

Incroyable. Je n’ai que ce mot en tête depuis que je suis sorti de cette séance, un jeudi matin où la pluie et la brume rendait la vie lyonnaise maussade. N’ayant vu aucun film de la trilogie de...

le 1 nov. 2019

3 j'aime