Le premier visionnage d’un film conditionne la façon dont vous allez apprécier son contenu. C’est indéniable. Et vous pourrez le revoir 20, 30, 40 fois, vous n’oublierez jamais la première fois que vous l’avez vu. Parce qu’une première fois, ça ne s’oublie pas.
Et moi, la première fois que j’ai vu ce film, c’était horrible. Difficile de dire les choses autrement. Je recontextualise.
Vendredi soir, la soirée commence à tomber sur Nantes. L’association de cinéma de mon école organise une séance. Jusque-là, tout va bien. Mais, cela était sans compter que ces derniers temps, un mystérieux virus se propage dans la population étudiante. Symptômes ? Toux. Beaucoup de toux. Trop de toux. Comment vous dire qu’alors que les lumières de la salle de cinéma commencèrent à se tamiser, qu’elles auraient dû laisser place au silence si palpable d’un début de film, un petit bruit parasite est venu s’y glisser. Ce bruit ? Vous l’aurez deviné. Cela dura tout le film.
Les quinze premières minutes furent alors un supplice. J’ai presque hésité à m’en aller pour pouvoir voir le film plus tard dans de meilleures conditions. Mais je ne l’ai pas fait. Et en soi, personne n’est en faute. Juste, c’est dommage. Donc j’ai décidé de revoir le film. Et par chance, la toux ne s’est pas invitée cette fois-ci. Ainsi, malgré un premier visionnage à oublier, le second, lui, m’a offert tout ce que j’attendais de lui. Et j’ai été un peu déçu je dois dire.
Le film, en lui-même, est intéressant. Mais je pense que ce film sera exceptionnel lorsqu’il sera remis dans son contexte. J’ai l’impression que le film n’est pas aussi grandiose qu’un Blade Runner 2049 parce qu’il ne prétend pas l’être. Ce film s’inscrit dans une trilogie et n’est qu’une introduction à la suite. Je pense que les suivants sauront, eux, combler mes attentes. Ce film, je l’ai probablement surestimé. J’ai surestimé son aura dans la manière qu’il est conçu et dans la manière dont il a été vendu.
Déjà, parce que la presse l’encensait. Beaucoup. Personnellement, je trouve cela dommage de voir un film par le prisme des critiques qui lui sont faites. J’aurai aimé le voir dans des conditions neutres, sans rien savoir de ce film, sans rien savoir ce à quoi je devais m’attendre, pour ne pas être déçu. Mais c’est fondamentalement un des problèmes de l’industrie du cinéma aujourd’hui. Il faut le vendre. Il faut donner envie aux gens d’aller le voir. Parce que sinon, l’argent ne coule pas à flot. Il est pratiquement impossible d’aller voir un film de la Warner sans avoir vu une campagne de pub, à la télé, à la radio, sur Internet, bref de partout. Et toujours pareil. Personne n’est à blâmer dans ce processus. Juste, je trouve cela dommage. Parce que si l’on ne veut voir aucune image avant de le visionner, pas même une affiche, c’est mission impossible.
Ainsi, cette critique s’oriente plus sur une remise en question du modèle de consommation du cinéma. Peut-on aujourd’hui voir un film d’un grand réalisateur de renom au moment de sa sortie sans avoir été forcé à le consommer un peu avant ? Le cinéma ne doit-il exister que par une perte de sa volonté de voir un film sans rien connaître de lui ? Parce que là où le cinéma remet en question le connu et l’inconnu, paradoxalement, il nous oblige à connaître les enjeux d’un film avant même de l’avoir vu.
Pour revenir au film, j’ai donc mis 7/10. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que j’ai quand même passé un bon moment (sauf lors du premier visionnage mais je crois qu’à cause du contexte je n’avais rien compris). Mais je pense que ce 7 est plus un 7 générique qu’autre chose. Une note par défaut si vous voulez. J’attends de voir la suite, laquelle me permettra d’infirmer ou de confirmer ma théorie que ce film est une introduction parfaite pour les chapitres deux et trois mais qu’en tant que tel, ce film ne m’a pas autant transporté que m’ont laissé espérer les avis que j'avais lus.