Le western américain vit encore paisiblement en partie à travers des productions de série B, directement diffusées en vidéo physique ou désormais par l'offre numérique. Parmi ceux-ci, ce film produit par la société The Asylum spécialisé dans les films de monstres (géants) comme Mega Shark vs Giant Octopus qui a annoncé une longue série de nanars « monstrueux ». Il s'agit certainement ici de leur « meilleur film ». Le western est un genre très codé et bien qu'injustement considéré comme « facile », il demeure compliqué d'être original. 6 guns tente le coup en mettant en scène une jeune veuve vengeresse qui veut tuer le plus grand bandit de la région, après le meurtre de son mari. Cependant, faire un western avec une femme, c'est se tirer une balle dans le pied si le scénario n'est pas solide, la mise en scène efficace et l'interprétation excellente. Le personnage de Selina Stevens est tout de même intéressant surtout lorsqu'il devient maître de sa vengeance malheureusement un peu tardivement. Mais cet élément est noyé sous une narration trop conventionnelle, des relations entre les personnages peu étoffées (amour, amitié, « père spirituel » entre elle et le bounty killer), un manque d'approfondissement de la condition féminine dans l'Ouest américain, sans oublier le jeu coincé de Sage Mears. Le film hésite alors longuement entre la carte féminine et le vieux stéréotype du bounty killer solitaire, qui apprendra le tir et indirectement la vengeance à la jeune femme. En cela, on pourrait le rapprocher de True Grit des frères Coen sortie la même année, et à l'histoire similaire : une jeune fille veut se venger d'un bandit qui a tué son père et fait appel à un vieux marshall pour partir à la recherche du meurtrier. Il manque entre autres choses à 6 Guns cet apprentissage de la vie du personnage féminin et une véritable caractérisation des personnages, car le film étouffe sous un récit plat et mal rythmé, le réalisateur n'insuffle aucune intensité et même ses scènes d'action sont assez faibles. Sans aller chercher dans de grandes productions hollywoodiennes, Le Cavalier de l'aube autre western de série B des années 2010 est bien plus intéressant, avec des personnages mieux écrits, une histoire plus dense et aussi un bon casting.