6 Underground
5
6 Underground

Film de Michael Bay (2019)

Voir le film

Disons-le tout net : 6 Underground est un film typique de Michael Bay. Le réalisateur de Bad Boys et Rock vient là avec ses qualités et ses défauts habituels, avec ses tics de réalisation également : le montage, les mouvements de caméra, etc. Donc, ceux qui ne supportent pas le travail du cinéaste, passez votre chemin : cela ne sert à rien de venir voir ce film pour le seul plaisir de pouvoir en dire du mal.
Donc, 6 Underground contient, sans surprise, tous les défauts inhérents au cinéma de Michael Bay. Nous sommes face à un film qui n’existe que dans le but de nous montrer des scènes d’action. Le reste n’a d’intérêt que parce que ça sert cet objectif. Il ne faut donc pas chercher ici de finesse psychologique dans le descriptif des personnages : nous sommes chez Michael Bay, pas chez Ingmar Bergman ou Arnaud Desplechin.
Plus gênant : le film semble cautionner l’action individuelle en dehors de tout cadre légal, une sorte d’auto-justice qui viendrait se substituer à un droit international paralysé. Nos six personnages sont des sortes de vengeurs qui cherchent à faire respecter leur conception de la justice en assassinant directement des avocats protecteurs de dictateurs, voire en s’attaquant aux dictateurs eux-mêmes. Briser un système pourri non par le cadre légal, mais l’arme au poing.
Ce serait là un défaut rédhibitoire si, à un moment ou à un autre, Michael Bay érigeait cela en leçon de morale ou en exemple à suivre. Or, il n’en est rien. Tout ceci ne sert que de cadre qui va permettre le déploiement de l’action. L’histoire n’est qu’une excuse : ce qui intéresse le réalisateur des Transformers ici, c’est ce qui l’a toujours intéressé, à savoir courses-poursuites, fusillades, explosions et bourre-pifs.
Et en cela, nous sommes gâtés. 6 Underground est construit autour de trois grosses scènes d’action qui, comme il se doit de nos jours, se déroulent dans trois lieux fort différents : à Florence, en Chine et dans un pays imaginaire d’Asie Centrale. Trois types de scènes complètement différents : la prise d’assaut d’un penthouse situé au sommet d’un building, l’abordage d’un yacht de luxe et, surtout, une immense course-poursuite.
Cette course-poursuite dans les rues de Rome ouvre le film et en constitue peut-être le meilleur moment. Lisibilité totale de l’action, absence du moindre temps mort, humour, audace visuelle et même quelques propositions surprenantes en la matière. La scène est brutale et nous fauche comme les voitures fauchent les piétons sur leur passage. Et c’est là un point plutôt nouveau chez Michael Bay : le cinéaste n’hésite pas à montrer du sang, beaucoup de sang, dans des scènes à la limite du gore auxquelles il ne nous avait pas habitué jusqu’à présent. Il faut dire que quand un robot extraterrestre coule une bielle, ça ne fait pas le même effet que lorsqu’un être humain se fait arracher un bras. Et ici, des scènes de ce type, nous en avons beaucoup : têtes qui explosent, membres arrachés, corps empalés, et même un œil qui se promène dans la voiture. 6 Underground est sans doute le film le plus sanguinolent de Michael Bay.
A défaut de psychologie, les six personnages qui forment cette version moderne de « L’Agence tout risque » ont chacun leur fonction (sauf peut-être 1, qui est là parce que cela permet au film d’avoir une star). Il y a la flingueuse, le tireur d’élite, l’équilibriste qui peut courir sur les immeubles, le conducteur, etc. Au demeurant, ils peuvent aussi apporter un humour bienvenu.
Il reste donc les scènes qui meublent le film et qui se situent entre les séquences d’action. Là, il faut dire que l’intérêt retombe. La narration se fait brouillonne, on sent les scènes de remplissage qui n’ont pas un grand intérêt, etc. A vouloir filmer les moments calmes de la même façon que les scènes d’action, Michael Bay se perd un peu.
Globalement, ce film ne restera pas le chef d’œuvre du cinéaste ni même une des références du genre, mais ne déroutera pas les fans du cinéaste qui retrouveront là les procédés habituels de Michael Bay. Il ne faut pas chercher ici un film plus consensuel comme No Pain No Gain. A voir pour les uns, à fuir pour les autres, selon vos affinités avec le cinéaste.


Article à retrouver sur le site LeMagDuCiné

SanFelice
6
Écrit par

Créée

le 16 déc. 2019

Critique lue 2.5K fois

43 j'aime

1 commentaire

SanFelice

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

43
1

D'autres avis sur 6 Underground

6 Underground
B_Jérémy
6

Préparez-vous à en prendre plein la gueule !

Je suis désolé, mais ce genre de connerie ce n'est pas pour moi. Tu te rappelles quand tu as dit que je pourrais toujours appuyer sur la gâchette. Ouais, ouais, et alors ? Ouais ben là...

le 14 déc. 2019

53 j'aime

39

6 Underground
SanFelice
6

Du Michael Bay, tout simplement

Disons-le tout net : 6 Underground est un film typique de Michael Bay. Le réalisateur de Bad Boys et Rock vient là avec ses qualités et ses défauts habituels, avec ses tics de réalisation également :...

le 16 déc. 2019

43 j'aime

1

6 Underground
Arnaud-Fioutieur
2

Underground ... et bien profond

Après être parvenu à tenir pendant les vingt premières minutes d'une course poursuite à Florence --- allégorie involontaire de la laideur* investissant (et saccageant) la beauté ---, je me suis dit...

le 17 déc. 2019

32 j'aime

1

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

223 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

221 j'aime

12