71 fragments d'une chronologie du hasard par TheMrOrange

Mr Orange: Ah! bah voilà un bon film d'art et d'essai européen commen on les aime... ou pas. Donc comme tout bon film rentrant dans cette catégorie, c'est pas divertissant. La majorité du film relate la vie presque banale d'une tripotée d'individus. Et c'est pas gai. Un enfant passe la frontière autrichienne pour venir errer dans la capitale, Vienne. Un couple éprouve des difficultées avec un enfant adopté tardivement, un vieux est victime d'une solitude pesante, délaissé par sa fille, un étudiant toque sur les machines, un couple est victime de son ancienneté... comme le dit si poétiquement Hank Moody, le blow job est bi-annuel, au mieux.

Je n'ai peut-être pas été clair. La tuerie n'est pas centrale dans le film. Elle est annoncée dès le début et conclue le film, mais la majorité du film se focalise sur les individus impliqués dans cette tuerie, présentant le joli hasard déterminant l'issue de l'histoire.

Si le style émeut votre curiosité, allez faire un tour au Festival Premiers Plans d'Angers... vous aurez droit à une overdose éducatrice ! et quelques perles comme le bien nommé Reservoir Dogs ou autre Funny Games (j'y reviens)... le lien? des retrospectives (parfois capillotractées), alléchantes: type "thème chorégraphie > film de kung-fu" ou encore "thème Godard > Tarentino".

Trève de digressions, donc, comme tout bon film d'art et d'essai européen, on a droit à un corps de film assez chiant, faut l'avouer. La misère des gens, ça fait peut-être passer un super message d'humanité... m'enfin, on ne prend carrément pas notre pied. Heureusement, ce n'est pas n'importe quel péquenot qui est aux machines mais Mr Haneke, le réalisateur autrichien auteur du SUBLIME, GEANTISSIME, FABULEUX Funny Games ultra dérangeant (jamais vu autant de spectateur quitter une scéance), ultra divertissant... et je parle de la version originale hein, parce que oui, Mr Haneke a fait comme Mr Nakata et s'est offert une version US, beûrk.

Donc finalement, si on est capable d'avaler la pilule, le film vaut carrément le détour, dans son traitement des médias, (de l'absence) des rappports humains, de la violence (mineure). Attention, on est bien loin de Funny Games. dans lequel la violence bien que dérangeante reste divertissante. Le flot de séquences présentant les divers protagonistes est jonché de perles:
- un plan séquence de quoi... aller, 4 minutes montrant l'étudiant jouer au ping-pong contre une machine. L'analyse qu'en fait M. Haneke, qui décortique cette scène dans les bonus DVD montre la maîtrise qu'il a sur le ressenti du spectateur. Formidable.
- une scène de violence domestique silencieuse, dans le vieux couple est "jubilatoire".
- un autre plan séquence (oui, M. Haneke est un peu spécialiste), de l'ordre de 9 minutes, au cours duquel notre papi favoris tente tant bien que mal de s'accrocher à ses connaissance est génial. Bon, j'vais pas le cacher, c'est chiant, mais c'est bien.
- et d'autres !

Et que faire des réflexions sur le hasard, les rapports humains, le cheminement d'un pré-tueur... toussa toussa, ce qui m'a le plus marqué, c'est l'analyse des médias. Tout au long du film, on a droit à des extraits de journaux télévisés de l'époque (coucou Clinton, yo Rwanda ça va et toi?). On se demande vraiment ce que ça peut bien faire là, merci du rappel, mais on était déjà né en 94. Bah, attendez la conclusion. Là, j'ai pris mon pied.

Si vous pouvez supporter le syndrôme typique du film européen, ce film est fait pour vous. sinon... à oublier. Si ça peut rassurer, il ne dure qu'1h30.

En bonus, voilà des liens vers l'interview de Michael Haneke présente sur le DVD: part 1 / part 2 / part 3
TheMrOrange
6
Écrit par

Créée

le 13 mars 2012

Critique lue 621 fois

3 j'aime

TheMrOrange

Écrit par

Critique lue 621 fois

3

D'autres avis sur 71 fragments d'une chronologie du hasard

71 fragments d'une chronologie du hasard
Morrinson
8

Glaciations existentielles

Quand on pénètre dans l'antre du dernier volet de la "trilogie de la glaciation émotionnelle" de Michael Haneke, c'est au terme d'un long et rude voyage à l'intérieur de la société autrichienne (a...

le 16 oct. 2016

17 j'aime

71 fragments d'une chronologie du hasard
Moorhuhn
6

Critique de 71 fragments d'une chronologie du hasard par Moorhuhn

Je découvre enfin la filmographie de Michael Haneke avec ce film pour le moins déroutant, très froid et implacable (depuis j'ai vu Funny Games qui lui m'a vraiment remué). La mise en scène du...

le 10 sept. 2012

8 j'aime

Du même critique

Iron Monkey
TheMrOrange
10

Critique de Iron Monkey par TheMrOrange

Mr Orange: Que ça se sache: un bon film de kung-fu est un film de premier choix. Qui plus est lorsqu'il est question d'une oeuvre de Yuen Wo Ping, un maître chorégraphe pas radin en combats...

le 4 juil. 2012

14 j'aime

Domination Nakite
TheMrOrange
8

Critique de Domination Nakite par TheMrOrange

OAV sombre, violent et sexy, A kaito revient régulièrement au goût du jour depuis 1998, au rythme de l'assouplissement de la censure ou de la sortie de spin off et autre adaptation. Censure? Oui,...

le 8 janv. 2014

9 j'aime

2

Coffy, la Panthère noire de Harlem
TheMrOrange
7

Critique de Coffy, la Panthère noire de Harlem par TheMrOrange

Mr Orange: Aaaah, Pam Grier... retour aux sources. Remise au goût du jour par Quentin dans Jackie Brown et revue en actrice permanente dans The L world... n'empêche qu'elle a connu son apogée à...

le 20 mars 2012

9 j'aime

9