Si l'on accepte d'être secoué
Ayant prévu d'enfin voir "Le Ruban blanc" dans les prochains jours, j'ai décidé de me replonger avant dans ce film par lequel j'ai découvert ce réalisateur que j'ai suivi pas à pas depuis, tant ces "71 fragments..." avaient été un choc à l'époque.
Une quinzaine d'années plus tard, le ressenti reste le même. Ce film est la fin de la "trilogie de la glaciation", après "Le Septième continent" et "Benny's video", et reste pour moi le plus réussi des trois. Le plus conceptuel, le plus radical et finalement le plus "hanekien".
Par l'utilisation du montage, l'autrichien (qu'on adore ou qu'on déteste) nous prend en otage durant 95 minutes, nous mettant en position de voyeur potentiel. Le vice est poussé à son paroxysme puisque Haneke nous force à être ce qu'il dénonce ici.
On peut détester ce type de cinéma, ou accepter le "deal" et ainsi vivre une expérience qui ne laisse pas indemne. On est ici dans du cinéma sensoriel sans compromis, où le spectateur se voit provoqué, interrogé, secoué.
Haneke le dit : "Je ne veux obtenir qu'une chose avec mes films : que le spectateur en ressorte différent", d'où son refus systématique du divertissement.