On a tous des secrets, ou en tout cas des choses qu'on tait la plupart du temps parce que le monde autour n'est pas prêt à les entendre sereinement. Le postulat de ce film, c'est que les ados aussi ont des secrets. On pourrait se dire que c'est la contamination du monde des adultes. Ici, au contraire, on nous (leur, plutôt, parce que ce sont eux la cible de cette histoire à dormir debout) raconte que c'est en assumant de révéler ses secrets les plus intimes qu'on devient grand. Pas adulte, grand. Les adultes (japonais, au moins) sont présentés comme autant de frustrés et d'hypocrites, obligés de refouler leur vraie personnalité pour pouvoir jouer dans la cour des grands (synonyme ici de pusillanimes). Bref, une espèce de thèse psychologisante mal développée, un peu démagogique, à mon sens, qui flatte l'ado dans le sens du poil. La société japonaise y est montrée comme un reliquat d'un ordre social archaïque, dominée par des sortes de shoguns modernes déguisés en hommes politiques à l'occidentale, la famille y passe au second plan quand elle n'est pas taxée de réactionnaire elle aussi, et seuls les jeunes semblent avoir encore en eux un germe d'innocence susceptible d'en faire de vraies personnes. Aucun adulte ne leur montre la voie ni l'exemple et ils sont condamnés à trouver en eux-mêmes les ressources pour grandir. Une vision d'autant plus pessimiste qu'elle crucifie les réseaux sociaux, caisses de résonance des rumeurs les plus tordues, seules susceptibles d'intéresser les foules immatures. Autant ne pas se laisser tromper par la joliesse des éclairages et des décors, donc. On affronte ici une vision passablement pessimiste du monde, dans laquelle les ados sont présentés, pour peu qu'ils aient un peu de courage ou plus rien à perdre, comme les seuls espoirs d'une humanité désespérante de bêtise. Autant dire que je suis plus que réservée sur ce diagnostique. Pas sur la partie désespérante de bêtise...