Petite leçon de marketing : pour vendre un film pas terrible au public, mettez le bon casting en avant sur l'affiche, ajoutez y une punchline titillant la fibre cinématographique qui se cache chez certains (ahh, les 7 mercenaires) tout en annonçant la couleur niveau humour, combinez le poster avec une bande annonce rythmée par un bon morceau rock et quelques répliques classes balancées par des acteurs qui ont l'air au sommet de leur coolitude ; mixez le tout et vous obtenez la bonne entourloupe du moment.
Commençons par faire les comptes : si les sept comédiens annoncés sont tous dans le film, seuls Christopher Walken, Sam Rockwell, Woody Harrelson et Colin Farrell ont un temps de présence suffisamment long pour justifier l'apparition de leur nom dans la stratégie marketing du distributeur ( et encore pour ce dernier même le chien à l'origine de l'intrigue a plus d'utilité que lui), tous les autres se contentant d'une ou deux apparitions sur les 110 minutes de la bobine (la palme à l'ex-James Bond girl Olga Kurylenko, une scène et 90 secondes au compteur).
En réalité voilà le problème majeur du (très) long-métrage : le "scénario" (les guillemets veulent tout dire) est un monument d'auto-satisfaction du réalisateur/scénariste Martin McDonagh qui pense que faire une mise en abime de l'histoire est un gage d'originalité et d'efficacité.
Jugez plutôt et respect pour ceux qui comprendront du premier coup : le héros, un scénariste qui écrit une histoire intitulée 7 Psychopathes, tente d'échapper à un gangster, amené à devenir un modèle pour un des psychopathes de son film, parce que son meilleur pote un peu dérangé, futur deuxième psychopathe du scénario du héros, a capturé son chien qu'il aime tant et s'évertue à enquiller les mauvaises idées pour faire en sorte que les amis se retrouvent dans des situations les amenant à des rencontres diverses et variées (d'autres psychopathes donc) et à une inévitable conclusion face à face avec le gangster, synonyme de grand final pour les deux amis et de grande source d'inspiration pour l'écriture du scénario du héros. Ouf... Entre les mains de quelqu'un d'autre, cette bonne idée aurait pu être sympathique. Malheureusement dans ce cas-ci, elle ne sert que d'excuse à de longues scènes (surtout dans la deuxième partie qui se déroule intégralement dans le désert et où il ne se passe pas grand chose) où les acteurs, excellents malgré tout (surtout Sam Rockwell), se contentent de parler de tout et de rien, de balancer des inepties d'une banalité confondante censées donner de la matière à un film qui en manque cruellement.
EN BREF : 7 Psychopathes est un sous-Tarantino où des acteurs au top servent de cache misère à une mise en scène tape à l'oeil et un scénario bidon. Ne vous faites pas avoir !